. L'Azerbaïdjan a recouru à la force, à la contre-offensive, car il a compris, après les dernières provocations de l'Arménie, que les méthodes diplomatiques ne menaient nulle part. Après trente ans de discussions dans le cadre du groupe de Minsk, l'Arménie a pensé qu'elle pourrait agir comme elle l'entendait, se sentant tout permis, faute de pressions véritables des co-présidents du groupe de Minsk en vue de compromis et de concessions. Face à ce constat, l'Azerbaïdjan a décidé de faire usage, conformément au droit international, de son droit à la défense légitime, le Haut-Karabakh étant un territoire occupé par un autre pays. Mon pays ne pouvait attendre un siècle avant que le groupe de Minsk agisse enfin réellement.
S'agissant de l'assertion de la participation de djihadistes aux combats sur le terrain, le Président de la République d'Azerbaïdjan a toujours demandé que les preuves de telles affirmations soient apportées et, à défaut, exigé des excuses à l'égard du peuple azerbaïdjanais. Personne, en France comme ailleurs, n'a jusqu'à présent rendues publiques de telles preuves.
En revanche, les autorités de la République d'Azerbaïdjan ont démontré que 358 combattants étrangers avaient appuyé les forces arméniennes dans le conflit, quatorze d'entre eux étant français. Si la notion de djihadiste n'a aucun fondement en droit international, il en va différemment de celle de combattant étranger. Nous avons donc saisi les autorités judiciaires françaises du cas de vos ressortissants, en vue d'une enquête. Á vrai dire, certains magazines français eux-mêmes ont évoqué le phénomène, en dépeignant ces combattants en véritables héros.
Pour ce qui nous concerne, comme je l'ai indiqué devant la commission des Affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat, nous disposons de preuves concrètes sur les 358 combattants étrangers identifiés au cours des combats : papiers d'identité, numéro de téléphone, et j'en passe. Ceux qui évoquent la présence de djihadistes parmi les forces armées azerbaïdjanaises ne peuvent en dire autant pour étayer leurs affirmations ; ils ne peuvent même pas donner des noms de prétendus combattants djihadistes.
De manière plus générale, je regrette le contexte de désinformation ambiant à l'encontre de mon pays. Hier, au Sénat, la majorité des orateurs ont évoqué des éléments similaires sans aucune preuve. Il s'agit là d'une propagande à la façon de Goebbels : affirmer des choses sans jamais les accréditer par des preuves mais les inscrire dans les croyances générales en les répétant sans cesse. La France ne s'est pas grandie en agissant ainsi et la relation bilatérale se trouve désormais sous tension.
La situation intérieure en Azerbaïdjan est marquée, comme partout dans le monde, par la gestion de la pandémie de coronavirus – Covid-19. Au niveau politique, la situation est marquée par une grande stabilité. Au plan économique, le produit intérieur brut devrait baisser de 3,2 - 3,4 %, mais cela devrait rester passager.
S'agissant du bilan humain des combats, nous dénombrons 95 décès de civils, parfois enfants ou personnes âgées ; par ailleurs, 414 personnes ont été hospitalisées et 3 410 maisons détruites. L'Arménie, elle, déclare le décès de 48 civils. Vous constaterez par conséquent que l'Azerbaïdjan, qui n'avait aucun ressortissant dans la zone des combats, a enregistré davantage de pertes humaines que l'Arménie, ce qui montre bien que cette dernière a frappé des territoires en dehors de la zone de conflit, notamment Ganja la deuxième ville du pays éloignée de 60 kilomètres. Certains missiles se sont abattus sur des zones résidentielles et on sait pertinemment que la décision de recourir à de telles armes est prise au plus haut sommet de l'État. Votre collègue, M. Jérôme Lambert, avec d'autres députés français, est venu à Ganja et il a pu constater les conséquences de ces actions sur place.
S'agissant des pertes militaires, je ne suis pas en mesure de vous apporter des précisions car je n'en ai pas connaissance.