Intervention de Hasmik Tolmajyan

Réunion du mercredi 2 décembre 2020 à 11h45
Délégation française à l'assemblée parlementaire du conseil de l'europe

Hasmik Tolmajyan, Ambassadrice de la République d'Arménie en France :

. Les Arméniens qui ont fui le Haut-Karabakh ne sont pas considérés comme des réfugiés. Le peuple d'Arménie leur a manifesté une solidarité totale et immédiate à leur arrivée, mais leur situation n'en demeure pas moins précaire. Tous veulent retourner dans le Haut-Karabakh à la condition que leur sécurité soit garantie. Non seulement ils n'ont plus de logement et de travail, mais de surcroît ils sont menacés dans leur existence même. De ce point de vue, la haine raciale exprimée par la partie azerbaïdjanaise, la présence de troupes turques et de djihadistes ne contribuent pas à dissiper les inquiétudes.

Comme je l'ai déjà dit, un règlement juste et définitif du conflit du Haut-Karabakh suppose la définition d'un statut pour cette région, ainsi que le départ des troupes turques et des djihadistes pour garantir la sécurité des populations. La France appuie cette vision, mais pour l'heure peu d'avancées sont constatées.

Le retour du Haut-Karabakh dans le giron de l'Azerbaïdjan s'avère, selon moi, impossible. Comment permettre le retour des populations vivant sur ces terres jusqu'alors quand certains promettent de les en chasser comme des chiens ? La commission européenne contre le racisme et l'intolérance (ECRI) a alerté à de nombreuses reprises ces dernières années sur la teneur du discours des plus hautes autorités azerbaïdjanaises à l'encontre des Arméniens vivant au Haut-Karabakh. En substance, l'ECRI dénonce que toute une génération d'Azerbaïdjanais ait grandi au son de ce discours de haine, de racisme et d'intolérance à l'égard des Arméniens.

Les exemples de cette intolérance sont nombreux, mais permettez-moi d'illustrer mon propos par le cas de cet officier azerbaïdjanais Ramil Safarov qui, à l'occasion de sa participation à un séminaire sur le partenariat pour la paix organisé à Budapest, en 2004 dans le cadre de l'OTAN, a assassiné à la hache, dans son sommeil, un officier arménien qui assistait lui aussi à l'événement. Á son retour en Azerbaïdjan, il a non seulement été gracié mais il a également été élevé au rang de héros par la propagande officielle ! Ce type de messages justifiant le racisme, la xénophobie, la haine à l'encontre des Arméniens est extrêmement dangereux.

En définitive, comment pensez-vous qu'un Arménien puisse aujourd'hui envisager de retourner vivre au Haut-Karabakh s'il ne bénéficie pas de la protection du droit international ?

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