Intervention de Despina Chatzivassiliou

Réunion du mercredi 16 décembre 2020 à 16h30
Délégation française à l'assemblée parlementaire du conseil de l'europe

Despina Chatzivassiliou, Cheffe du secrétariat de la commission des questions politiques et de la démocratie :

. Madame la Présidente, chers membres de la délégation française, merci de l'opportunité que vous me donnez de m'exprimer devant vous pour vous exprimer le bien-fondé de mes motivations.

Madame la Présidente, vous avez devancé une partie de mon discours et je vous en remercie. Vous avez présenté de manière assez complète mon parcours au Conseil de l'Europe au cours de mes vingt-sept années de carrière. Il ne me reste peut-être qu'à ajouter que j'ai fait mes études à l'Université de Florence, à l'institut universitaire européen, où j'ai passé une thèse de doctorat sur la convention européenne des droits de l'Homme. J'ai ensuite directement intégré le Conseil de l'Europe, où j'ai rencontré mon mari, franco-grec, qui y travaille lui aussi. Mère de deux enfants et vivant à Strasbourg, la France est mon pays d'adoption.

En plus de deux décennies d'activité, j'ai eu le privilège de contribuer à différents travaux et succès de l'Assemblée parlementaire, qui a notamment été à l'initiative – entre autres – de la convention européenne des droits de l'Homme dont nous fêtons les soixante-dix ans, que l'on appelle aussi « la conscience de l'Europe » et qui esquisse les sociétés de demain, avec leurs aspirations à la démocratie et leurs combats. Mais cette maison commune de l'Europe, c'est vous, parlementaires, qui la bâtissez et la faites vivre ; ce « trésor » ne dépend pas d'une ou d'un Secrétaire général et d'une poignée de fonctionnaires internationaux mais bien de la pierre que chacune et chacun de vous apporte à l'héritage laissé par les pères fondateurs.

L'Assemblée parlementaire et le Conseil de l'Europe ont destin lié avec Strasbourg, capitale européenne. Il y a une dichotomie vertigineuse entre leurs objectifs nobles et importants, d'une part, et la réalité des moyens à leur disposition, d'autre part, particulièrement au regard des moyens des États membres et de l'Union européenne. Néanmoins, on ne doit pas rougir des résultats obtenus : l'APCE est devenue un forum interparlementaire de dialogue de renommée internationale. Je pense pourtant que nous pouvons faire davantage pour qu'elle devienne, au niveau de la grande Europe, une caisse de résonance de vos initiatives et de vos débats, en vue d'une refondation démocratique.

Comment faire mieux ? C'est justement avec cette ambition et le désir de vous accompagner dans la mise en œuvre de changements que j'ai décidé de présenter ma candidature à l'élection au poste de Secrétaire général de l'APCE. Je souhaite vous aider à apporter une réponse plus adaptée aux défis économiques, sociaux, sanitaires, environnementaux et technologiques, mais aussi renforcer le caractère politique de votre Assemblée, avec un peu moins de bureaucratie et d'administration.

Comme vous l'avez rappelé, Madame la Présidente, j'ai collaboré avec détermination et passion avec des centaines de parlementaires de cultures, de traditions et d'orientations politiques différentes. J'ai pu ainsi nouer des relations de confiance et leur proposer mes connaissances juridiques, mon sens politique, ainsi que ma créativité pour la définition de solutions aux problèmes rencontrés.

Je ne citerai que deux exemples pour illustrer mon propos. Tout d'abord, dans les années 1990, lors de l'élargissement du Conseil de l'Europe, je figurais parmi la poignée de personnes à même de développer une doctrine d'adhésion pour les nouveaux États membres et à mettre en place, ensuite, une stratégie de suivi des engagements qu'ils avaient pris. Plus récemment, à l'occasion de la crise institutionnelle et politique consécutive au départ de la délégation russe de l'APCE, j'ai eu le privilège d'assurer le secrétariat de la commission ad hoc du Bureau sur le rôle et les missions de l'Assemblée parlementaire, présidée par M. Michele Nicoletti, une instance innovante où siégeaient tous les Présidents de délégations nationales et tous les Présidents de groupes politiques, des Présidents de commissions, ainsi qu'un représentant de la Fédération de Russie. Alors qu'au départ les débats étaient très vifs et les tensions importantes, cette commission est parvenue à l'adoption d'un rapport consensuel ; dans la foulée, j'ai assisté M. Tiny Kox, entre octobre 2018 et avril 2019, dans sa réflexion sur les moyens de permettre un retour de la délégation russe, en lien avec les Présidences finlandaise et française du Comité des Ministres. J'y vois là un parfait exemple des synergies possibles entre l'APCE et le Comité des Ministres lorsqu'un but politique commun est poursuivi.

Laissez-moi à présent vous exposer mes priorités pour l'avenir, afin d'améliorer les choses et d'accroître l'impact de l'APCE. Á mon sens, celle-ci ne doit pas chercher à adopter des centaines de textes mais plutôt à veiller à la mise en œuvre de ses préconisations. Cela suppose des relations plus étroites avec les Parlements nationaux et les délégations nationales, car si le cœur de l'Assemblée parlementaire bat à Strasbourg, il ne peut battre que grâce aux pulsations des Parlements nationaux. De même, davantage de synergies doivent également être recherchées au quotidien avec les groupes politiques et les autres organes du Conseil de l'Europe : concrètement, j'aimerais que davantage de séminaires de formation soient organisés à cet effet, notamment pour montrer aux parlementaires les différentes activités de l'Organisation (GRECO, Commission de Venise, etc.).

Au cours de la crise sanitaire actuelle, l'APCE a pu bénéficier de l'apport des nouvelles technologies. Même si l'objectif doit être un retour aux sessions « physiques » à Strasbourg, il faut conserver les bonnes pratiques qui se sont développées dans le contexte actuel. Á cet égard, il me semble opportun de remettre sur le métier le projet qui avait été envisagé et, faute de volonté administrative, abandonné d'une Assemblée parlementaire sans papier, grâce à des applications dédiées qui allégeraient considérablement le travail des parlementaires et des secrétaires de délégations ou de groupes politiques, notamment en vous dispensant de chercher dans les étages des signatures pour des dépôts de propositions de résolutions.

Enfin, si je deviens la première femme Secrétaire générale de l'APCE, vous ne serez pas surpris que j'accorde une approche plus sensible à l'égalité des sexes et aux questions de genres. J'ai notamment la volonté de vous aider à améliorer la parité à l'Assemblée parlementaire, mais aussi d'impulser des progrès au sein de son administration où des progrès restent à faire en la matière.

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