Sur la désinformation au sens le plus large ou les attaques cyber, qui en sont le continuum, actuel grand mal démocratique organisé par certains acteurs étatiques ou para-étatiques, je crois qu'il nous faut joindre les forces. Certains travaux ont été menés dans le cadre du Conseil de l'Europe. Je pense qu'on peut bâtir dessus pour aboutir à un mécanisme opérationnel, pas seulement juridique, dans l'Union européenne, qui est le ressort le plus pertinent en raison du rôle éminent de la Russie dans ces initiatives de désinformation. Actuellement les outils manquent, donc utilisons les travaux du Conseil de l'Europe.
Je prendrai un exemple très simple, évoqué par le Président de la République lors de sa visite en Lituanie et en Lettonie à la fin mois de septembre : nous pourrions disposer, non par quelconque plaisir bureaucratique mais par souci de sécurité, d'une sorte d'agence européenne ou de réseau d'experts européens en matière cyber ou de lutte contre la désinformation afin d'être capables de cibler et d'identifier les sources, de les rendre publiques et de les contre-attaquer. Aujourd'hui, beaucoup de pays européens, pourtant avancés sur le plan technique en manière de défense et de sécurité informatique, disposent principalement d'agences ou d'experts nationaux, telles l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (ANSSI) ou ses homologues baltes. Il n'existe pas de mise en commun ou en réseau. Concrètement, cela se traduit par le fait que lors de la tenue des élections dans les États baltes, les experts nationaux en sécurité informatique se trouvent renforcés par des experts américains afin de garantir le bon déroulement des opérations électorales, alors que nous avons l'expertise technique et intellectuelle en Europe. Aider un pays européen, en période électorale, à déjouer ces processus de désinformation et de cyberattaques serait très utile et donnerait un sens tant à l'idée qu'à nos efforts en faveur d'une défense européenne.
Sur les livraisons de vaccins, je vais regarder précisément les quantités données aux Philippines. Dans le mécanisme de solidarité internationale Covax, principalement financé par l'Union européenne, les pays bénéficiaires ne se résument pas aux États africains. Certes, ils sont peut-être majoritaires actuellement, mais cent-vingt pays au total en bénéficient. Normalement, pour les Philippines comme pour d'autres pays, il ne doit pas y avoir de difficulté dans la mise en œuvre des dons de vaccins par l'intermédiaire du mécanisme Covax. Nous allons néanmoins vérifier, suite aux indications que vous avez porté à ma connaissance.