Les commissions d'évaluation des politiques publiques s'inscrivent cette année dans un contexte unique pour notre agriculture, qui a subi les effets combinés de plusieurs crises.
À la crise liée à l'épidémie de coronavirus, nous avons répondu par un plan de relance agricole de plus d'un milliard d'euros pour renforcer notre souveraineté alimentaire. Je distingue plusieurs enjeux : le renouvellement des générations, alors que la moitié des agriculteurs partira à la retraite avant 2026, la transition verte et numérique, pour adapter notre agriculture et le secteur agroalimentaire aux enjeux de demain, la préservation d'un modèle agricole familial – la ferme France porte des produits bruts sans bénéficier de la valeur ajoutée, à l'exemple des pommes de terre transformées en chips en Belgique –, quand les grandes monocultures épuisent nos sols et affaiblissent la vitalité de nos territoires et menacent notre souveraineté. Un sol met trente ans à reconstituer sa valeur agronomique.
Il faut par ailleurs accélérer la transition agroécologique. Partout, la demande des consommateurs est forte, les méthodes ont progressé et la distribution des produits doit être améliorée. L'agriculture peut être un formidable outil pour le climat : si l'on augmente de 0,4 % par an la quantité de dioxyde de carbone retenue par les sols, l'on stoppe sa progression dans l'atmosphère.
La forêt française, qui représente 400 000 emplois directs, n'est pas épargnée par les menaces environnementales – fragilisation et dépérissement des arbres –, mais les territoires se sont adaptés à ces diverses contraintes, par exemple par la diversification et les mélanges et le recours à de nouvelles méthodes de plantation. Les usages du bois sont au cœur des équilibres environnementaux, sociaux et économiques.
À la propagation du virus d' influenza aviaire, le ministère a immédiatement répondu par la détection, l'accompagnement et l'indemnisation des élevages concernés, avec des acomptes rapides. Le sud-ouest a été très touché avec plus de 3,5 millions de volailles abattues, confirmant que la filière est mise à rude épreuve depuis 2015. Nous devons réfléchir à toujours mieux protéger les élevages de nouvelles crises, en analysant le déclenchement des maladies dans la faune sauvage, les terrains favorables à la propagation des virus et les bonnes pratiques pour les endiguer.
Après la vague de froid spectaculaire d'avril dernier qui a gelé plusieurs cultures, le Gouvernement a pris une série de mesures dont le budget est estimé à plus d'un milliard d'euros. Nous pouvons saluer un système de solidarité unique dans notre pays.
Le budget de la mission augmente de plus de 300 millions d'euros dans le premier projet de loi de finances rectificative pour 2021 : cela souligne la volonté du Gouvernement.
Par ailleurs, la proposition de loi pour préserver le foncier agricole a reçu il y a quelques jours un large soutien de la part de l'Assemblée et a été saluée devant la commission de la défense nationale et des forces armées par M. le préfet Stéphane Bouillon, Secrétaire général de la défense et de la sécurité nationale.
Monsieur le ministre, je suis heureux que notre pays soit celui qui protège et qui progresse vers des modèles agricoles vertueux. Face aux deux dernières crises qui ont particulièrement ébranlé nos éleveurs et nos agriculteurs, l' influenza aviaire et le gel, pouvez-vous dresser un bilan de l'action du ministère et des enseignements tirés de ces épisodes ?