Normands et Guadeloupéens n'ont ni les uns ni les autres des problèmes de ressource en eau. Mais ils sont confrontés, en raison de l'abondance de cette dernière, qui constitue une vraie richesse, à des problématiques proches. La Guadeloupe doit cependant faire face à des problèmes de gouvernance, à un réseau en partie vétuste, ce qui provoque des coupures, à des rendements très insatisfaisants, à des difficultés de captage ainsi qu'à des impayés qui fragilisent l'ensemble du système.
Si la gouvernance a été remise à plat en 2016, il était nécessaire de remédier à ces difficultés. La proposition de loi présentée par Mme Justine Benin va donc plutôt dans le sens de l'intérêt collectif, même si le groupe Les Républicains s'étonne de la forme prise par cette initiative, en grande partie suscitée par le Gouvernement. L'État aurait pu s'engager davantage, notamment sur le plan financier : 10 à 15 millions d'euros seulement ont été annoncés dans le cadre du plan de relance, ce qui n'est pas à la hauteur des besoins, de l'ordre du milliard d'euros. Il y a encore loin de la coupe aux lèvres.
Quoi qu'il advienne, il faudra plus de moyens et une meilleure prise en compte des préoccupations, des inquiétudes et des réticences exprimées par les collectivités – c'est d'ailleurs l'un des enjeux de cette proposition de loi. Il faut également que les collectifs d'usagers soient associés au processus. Tout le monde doit s'asseoir autour de la table : l'État, qui doit prendre la mesure des enjeux, les collectivités et les structures publiques, qui ne peuvent s'exonérer de leurs responsabilités, et les usagers, qui sont les consommateurs en bout de chaîne.
Si l'avenir ne se mesure pas uniquement en espèces sonnantes et trébuchantes, il est important que l'État ne se contente pas de prendre une part limitée au projet.