Le bureau de la commission spéciale a souhaité vous auditionner, car vous êtes l'auteur d'un rapport, Un islam français est possible, publié en 2016 en collaboration avec l'Institut Montaigne, et d'un second rapport, La Fabrique de l'islamisme, en 2018. Vous avez créé en 2019 l'Association musulmane pour l'Islam de France, qui a vocation à organiser et à certifier des flux financiers liés au culte musulman. Il nous a paru intéressant de vous auditionner sur le texte pour lequel cette commission spéciale a été créée mais aussi au-delà du texte et de certaines de ses dispositions, dont certaines concernent le financement des cultes.
Il est assez rare qu'un gouvernement et une majorité parlementaire adoptent des dispositions sur le financement des cultes, car c'est un sujet très sensible, pour ne pas dire tabou dans notre pays depuis 1905. On s'y est rarement attaqué. Il convient aussi de prendre en considération le contexte. J'insiste sur ce point auprès des personnes que nous auditionnons : il ne faut pas hésiter à s'exprimer sur ce contexte.
Évidemment, la question de la montée, dans notre pays, des communautarismes, des tentations séparatistes, cette expression ayant souvent été employée par le Président de la République ou par le Gouvernement, des atteintes à la laïcité et de la contestation progressant à divers niveaux, à l'école, dans les entreprises privées et dans les services publics est souvent évoquée. Nous en avons parlé avec les représentants des chefs d'entreprise et des syndicats patronaux, avec les syndicats de salariés et avec les représentants de collectivités locales. Nous sommes intéressés par votre éclairage à ce sujet. Je vous cède donc immédiatement la parole, monsieur Hakim El Karoui.