Pour ce qui est de l'engagement de GE dans l'éolien, avant toute chose, la France doit clarifier sa politique énergétique : nous devons savoir vers où nous voulons aller, quelles sont les priorités que nous nous fixons et surtout mettre en place les dispositifs appropriés. Nous devons avoir une vision claire de ce que nous voulons produire en France et de ce que nous voulons réaliser sur notre territoire, sachant qu'une telle réflexion vaut aussi pour l'Europe et d'autres régions. Entre les orientations que nous nous fixons et leur réalisation, les délais peuvent être longs et ne correspondent pas aux conditions de développement du marché. Cela exige de mettre en synergie certains acteurs.
Prenons l'exemple de l'hydrogène. J'ai appris hier que Hyundai allait livrer 1 500 camions à hydrogène. Bonne nouvelle : c'est Faurecia qui livre les réservoirs ! Cela étant, bien des pays concurrents existent dans le monde, qui ont le mis le paquet. L'hydrogène en stationnaire se développe en Suisse ou dans d'autres pays ; nous sommes en retard. Quels industriels sont capables de travailler sur ces sujets ? Comment les fonds publics et privés sont‑ils capables de s'associer pour atteindre ces objectifs ? Voilà ce sur quoi nous devons travailler. Une politique énergétique, ce n'est pas seulement des start-ups éparpillées sur le territoire qui développent des trucs géniaux, grâce à des ingénieurs particulièrement brillants ; encore faut-il à un moment donné mettre tout cela en musique. Comment favoriser la mise en industrialisation des systèmes ? C'est là le vrai sujet, sans quoi nous serons capables d'inventer mais incapables de produire.
Encore une fois, nous devons clarifier notre politique énergétique pour la mettre en mouvement. Il faut mettre les grands groupes autour de la table. Prenons l'entreprise McPhy, spécialiste de l'hydrogène, dont le principal actionnaire est EDF, qui a fait une levée de fonds de 150 millions d'euros. L'essentiel de leur production d'hydrolyseurs est en Italie… Elle est pourtant stratégique ! Nous ne pouvons pas nous cantonner à l'innovation. C'est toute la chaîne de valeur qui doit se développer.
Il faut effectivement tirer les leçons de ce que nous avons vécu : le problème n'est pas de distribuer les bons et les mauvais points sur les décisions prises il y a plusieurs années. D'autant qu'à l'époque, Michel Zumkeller peut en témoigner, tous les élus du nord de la Franche-Comté faisaient pression sur le Président François Hollande et son ministre de l'économie et des finances pour défendre la solution GE plutôt que la solution Siemens ! Des pétitions avaient même été organisées sur le territoire… On peut maintenant se le renvoyer à la figure, cela ne changera rien. La question est de savoir si nous sommes en mesure de créer les conglomérats capables de produire de la valeur dans notre pays.
S'agissant de la sous-traitance, j'ai plaidé, dans le rapport d'information sur les relations entre les grands donneurs d'ordre et les sous-traitants dans les filières industrielles, pour que la question des relations entre donneurs d'ordre et sous-traitant soit intégrée dans les contrats de filière, et surtout assortie de procédures et d'objectifs précis. Pour l'instant, on en reste à des contrats de filière, et à côté, on met en place ce qu'on appelle des règles de bonne conduite, des chartes d'engagement moral ou autres. Mais quand ce n'est pas dans le contrat, ce n'est pas dans le contrat, et les mauvaises pratiques perdurent. Il faut continuer à faire pression, y compris au niveau du Conseil national de l'industrie, pour que cet aspect des choses soit traité.
Sur la question de l'État stratège, une décision importante a été prise : M. François Bayrou a été nommé Haut-Commissaire au plan, c'est une excellente chose.