L'année 2020 a été particulièrement critique pour le tissu industriel français. Face à la crise sanitaire, qui a entraîné une crise économique, l'État a su se montrer à la hauteur en créant des aides exceptionnelles pour soutenir l'ensemble des filières industrielles. L'activité partielle, les exonérations de charges ou encore les prêts garantis par l'État ont permis et permettent encore de sauvegarder les activités économiques, notamment industrielles, et les emplois dans nos territoires. Le pilotage et l'ajustement de ces outils au plus près des réalités du terrain et de l'évolution de la crise dans les semaines et les mois à venir demeureront indispensables pour nous permettre de nous relever.
Permettez-moi d'insister, comme l'a fait notre rapporteure, sur l'industrie aéronautique, qui me tient particulièrement à cœur. Ce secteur est en grande souffrance, et ses difficultés seront amenées à durer de nombreuses années, compte tenu du coup d'arrêt massif et brutal auquel fait face le transport aérien. Comptant près de 300 000 emplois, la filière aéronautique est un véritable pilier de l'industrie française, mais les difficultés financières et les pertes de chiffre d'affaires que connaissent actuellement les entreprises de ce secteur mettent en jeu sa survie, dans sa globalité. J'ai échangé, pas plus tard que la semaine dernière, avec les dirigeants de Latécoère : ce pionnier de l'aviation dans notre pays, à l'origine de l'Aéropostale, prévoit de supprimer le tiers de ses effectifs en France.
La spécificité de ce secteur, qui pourrait ne retrouver son niveau d'activité de 2019 qu'en 2025, nous oblige à innover davantage dans nos politiques publiques en ce qui concerne la préservation des compétences professionnelles : l'activité partielle n'est malheureusement pas génératrice de croissance, ni de richesse, et elle ne pourra perdurer pendant plusieurs années. Il faudra trouver d'autres moyens d'enjamber la crise.
Les entreprises peuvent notamment recourir au prêt de main-d'œuvre. L'employeur met alors des salariés à la disposition d'une autre entreprise pendant une durée déterminée. Mais ce dispositif est inefficace en période de crise, car aucune structure n'est disposée à supporter de nouveaux salaires et charges. Il doit donc être accompagné. Je propose de rapprocher les dispositifs d'activité partielle et de prêt de main-d'œuvre entre entreprises en faisant en sorte que l'État prenne intégralement en charge les salaires du personnel détaché vers des secteurs définis comme stratégiques. Un salarié de Latécoère à Toulouse pourrait ainsi être détaché pour une durée déterminée dans un centre de recherches travaillant sur la mobilité douce, l'intelligence artificielle ou les carburants du futur. Un tel dispositif, crucial pour l'industrie aérospatiale, mais pas uniquement, nous permettrait de développer de nouvelles filières d'excellence dans nos territoires tout en sauvegardant de précieuses compétences.
Un autre enjeu de la relance du secteur aéronautique est la transition écologique – il en a déjà été question – et le maintien de la faculté des entreprises à fabriquer les prochaines générations d'aéronefs. À cet égard, le groupe MoDem se félicite du plan de soutien à l'aéronautique, présenté par le Gouvernement en juin dernier, qui prévoit des investissements en faveur de la décarbonation et de la compétitivité. Parmi les premières mesures appliquées, le fonds de modernisation, de diversification et de verdissement des procédés de la filière aéronautique, doté de 100 millions d'euros en 2020 et de 300 millions d'euros sur trois ans, permettra aux acteurs de cette filière de rebondir en développant des chaînes de valeur d'avenir, afin de sortir de la crise par le haut, en préservant des compétences durement acquises et en préparant l'avion vert du futur. Je salue, au nom de mon groupe, les dix-neuf premiers projets lauréats, qui ont déjà bénéficié d'un montant total d'aide de 13,5 millions d'euros, et j'appelle les entreprises qui ne l'auraient pas encore fait à répondre à l'appel à projets, valable jusqu'au 17 novembre prochain.