La crise que nous traversons nous a touchés au plus profond de ce que nous sommes, révélant nos forces comme nos faiblesses. Parmi ces faiblesses figurent les mutations économiques et industrielles que nous n'avons pas su anticiper et accompagner. Privés d'une réelle politique industrielle, nous n'avons pas eu de réflexion pour trouver de nouveaux relais d'activité pour nos territoires. Les secteurs de l'aéronautique et du transport aérien en sont des exemples frappants. Ils sont à l'arrêt depuis mars dernier et leur redécollage prendra probablement plus de cinq ans. Leur croissance continue de ces dernières décennies nous a aveuglés, à la fois quant à leur concentration géographique et quant à leur besoin de transition profonde, attendue par nos concitoyens. Au-delà de la transition écologique, que le Gouvernement accompagne par un plan spécifique au secteur, cette crise nous impose de traiter la reconversion inévitable d'une partie des salariés de l'aéronautique vers d'autres filières d'avenir qui pourraient profiter de ces savoir-faire et de ces capacités d'innovation technologique.
Sans cette planification, l'avion France ira droit dans le mur. D'ici à quelques mois, des licenciements toucheront plus du tiers des employés de l'aéronautique des régions Occitanie et Nouvelle-Aquitaine, tant chez les donneurs d'ordres que chez les sous-traitants. Pourtant, face à cette catastrophe de grande ampleur, notre réaction ne couvre pas tous les enjeux. Nous proposons des mesures d'urgence de court terme, comme l'activité partielle et la formation, mais ces dispositifs ne pourront perdurer plusieurs années. Planifions la reconversion à grande échelle d'un nombre important d'emplois du secteur aéronautique. Dans cette optique, j'ai proposé au Gouvernement de créer un ambitieux dispositif de détachement, cofinancé par l'État et les régions, qui permettrait de mettre ces compétences de pointe actuellement à l'arrêt à la disposition d'autres filières d'avenir, dans des start-up existantes ou à créer, dans des domaines comme la robotisation industrielle, les mobilités du futur ou encore l'intelligence artificielle. De cette manière, l'État ne financerait pas des salariés pour qu'ils restent chez eux mais pour qu'ils aident à construire l'avenir.
Comment comptez-vous aborder cet enjeu de planification de notre stratégie industrielle et d'adéquation entre les ressources humaines disponibles et les filières d'avenir ?