Intervention de Patrick Mignola

Réunion du mercredi 27 octobre 2021 à 14h00
Mission d'information visant à identifier les ressorts de l'abstention et les mesures permettant de renforcer la participation électorale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPatrick Mignola, président du groupe Mouvement démocrate (MODEM) et démocrates apparentés à l'Assemblée nationale :

Il est possible d'améliorer considérablement l'inscription sur les listes électorales, en utilisant par exemple les référentiels fiscaux. Cela doit passer par une loi et respecter les règles du RGPD, mais c'est tout à fait possible, pour peu que l'on informe nos concitoyens qu'ils ont été désinscrits et réinscrits.

La question du millefeuille administratif mériterait une mission spécifique. Je dirai simplement que je ne crois pas à un modèle institutionnel unique appliqué sur tout le territoire de la République, quelles que soient les spécificités locales. Il faut une liberté d'organisation selon les territoires et leurs problématiques.

Le vote à 16 ans lors des élections locales peut être un apprentissage de la citoyenneté, même si cela ne fera pas davantage voter les plus de 18 ans.

Je ne suis pas d'accord non plus avec le fait que le vote par internet ne serait que de la consommation, alors qu'il devrait être un engagement. Quand on achète un appartement en signant son acte notarié à distance, on réalise l'achat d'une vie : c'est un engagement plus grand que d'élire un quadrinôme de conseillers départementaux ou, du moins, cela me paraît au moins aussi important.

Toute forme d'expression du scrutin comporte un risque de fraude. Quand on amène mamie dans l'isoloir en lui mettant le bulletin dans l'enveloppe, pendant que les assesseurs détournent le regard, c'est une forme de pression, et peut-être même de fraude. Le rôle du législateur est précisément de trouver les voies et moyens pour éviter cela. Sur des millions de votes par correspondance, il peut exister des tentatives de fraude mais, comme on le dit des poissons volants, elles ne constituent pas la majorité du genre.

Enfin, vous avez beaucoup parlé de confiance. Au fond, je pense qu'il n'y a pas de défiance de nos concitoyens, mais de la déception. La France est un grand pays politique, et c'est parce que les gens y attendent beaucoup de la politique et de leurs élus qu'ils sont parfois déçus.

Il nous manque trois choses : le leadership, tout d'abord. C'est le rôle des partis politiques de faire émerger des personnalités qui inspirent la confiance.

La politique par la preuve, ensuite : si nous disposons d'indicateurs de suivi de l'action publique, cela sera déjà beaucoup plus facile à contrôler. Au terme de cinq années de législature, nous ne pouvons pas dire que nous n'avons rien produit : tout n'est pas positif mais nous avons tout de même adopté quelques mesures qui ont changé la vie.

Enfin, il nous manque d'assumer que le politique n'est pas seulement un thuriféraire ou un serviteur de tel ou tel intérêt corporatiste : il porte une ambition et une espérance. Nous n'osons plus le dire, quand nous sommes sur les plateaux des chaînes d'information continue, par peur de nous faire moquer par tous ceux qui préfèrent traiter la démocratie par l'ironie. Or il faut l'assumer : s'il n'en reste que quelques-uns, nous devons être ceux-là.

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