Madame la ministre des solidarités et de la santé, le 12 juillet dernier, vous avez pris un arrêté pour inscrire la codéine et autres dérivés de l'opium sur la liste des médicaments délivrés uniquement sur ordonnance. Cette décision visait à restreindre l'usage de la codéine par des jeunes dans des cocktails récréatifs à base d'antihistaminique et de soda, dits « purple drank », qui ont malheureusement provoqué plusieurs décès.
En réalité, ce relistage massif de médicaments a privé le conseil officinal de moyens d'action et a restreint, un peu plus, le champ d'intervention des pharmaciens, dévalorisant ainsi leur rôle de conseil. En effet, si beaucoup de médicaments relèvent de la prescription médicale, certains peuvent être dispensés sur le conseil du pharmacien et répondent à une demande des patients pour des pathologies mineures, sans nécessiter une consultation médicale.
L'arrêté tend à se focaliser sur les détournements ponctuels d'usage en dépit de l'intérêt général. C'est pourquoi, madame la ministre, je souhaiterais tout d'abord savoir si un retrait de l'arrêté est prévu au profit d'une autre solution revalorisant le rôle de conseil du pharmacien, tout en préservant la santé des jeunes adultes. Tout récemment, l'ordre national des pharmaciens a proposé la création d'une catégorie de médicaments dits « de prescription pharmaceutique », sur le modèle pratiqué en Suisse ou au Canada. Je souhaiterais connaître votre avis sur cette proposition.
Madame la ministre, la profession a besoin de sécurité, de stabilité et de reconnaissance. Le pharmacien n'est pas un épicier : il est un professionnel de santé diplômé et compétent. Comment comptez-vous revaloriser son rôle dans le parcours de soins du patient ?