Les jeunes de 18 à 29 ans constituent la plus grande partie des personnes en situation de pauvreté en France. La crise du covid-19, qui les fragilise encore plus, fait peser sur la nation le risque d'une génération sacrifiée. Plus de 700 000 jeunes risquent de ne pas trouver un emploi lorsqu'ils arriveront pour la première fois sur le marché du travail. La crise actuelle est la cause d'une nouvelle précarité chez les étudiants : on parle de mal-être, de privation de liens sociaux, d'état psychologique préoccupant, de dépendance accrue à une aide financière attribuée par les centres régionaux des œuvres universitaires et scolaires (CROUS). Je ne peux que partager le constat que vous avez dressé, monsieur le rapporteur : les jeunes ont besoin de notre aide.
Néanmoins, le dispositif que vous proposez m'interpelle. Le nombre de bénéficiaires du RSA a déjà augmenté fortement en 2020, ce qui pose évidemment la question du coût. Des évaluations ont été faites, notamment par le groupe de travail sur le revenu universel d'activité, qui avait chiffré une hypothèse intégrant les étudiants, dans un périmètre assez large : le coût, pour 4,5 millions de jeunes adultes, pourrait s'élever à 13 milliards d'euros par an. D'autres évaluations faisaient état de 16 milliards d'euros annuels. Comment expliquer ces écarts ? Vous proposez de remplacer les bourses. Quelles estimations avez-vous faites ?
Par ailleurs, comment s'assurer que le dispositif ne produira pas des effets d'aubaine ? Le RSA jeunes, introduit par la loi de finances pour 2010, a au moins l'avantage d'accompagner concrètement les bénéficiaires dans la recherche d'un travail et d'une insertion professionnelle, du fait de ses conditions d'attribution – il faut avoir travaillé pendant deux ans au cours des trois années précédentes.
Nous sommes très attachés à la notion de travail, qui est une valeur cardinale. Nous considérons qu'il faut aider les jeunes grâce à l'insertion dans le marché du travail. C'est dans cet état d'esprit que le groupe Les Républicains a formulé des propositions visant à lutter contre la pauvreté dont toute une partie est centrée sur les jeunes. Je pense en particulier à la création des « jobs pour la nation » qui seraient financés par l'État sur le modèle du chômage partiel, d'une manière limitée dans le temps, le but étant d'insérer les jeunes, de les conduire vers le travail, et non pas simplement de leur donner des moyens chaque mois, sans qu'il y ait un engagement de leur part.