Intervention de Denis Masséglia

Réunion du jeudi 12 novembre 2020 à 11h00
Mission d'information sur le thème « bâtir et promouvoir une souveraineté numérique nationale et européenne »

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDenis Masséglia :

Votre analyse est extrêmement intéressante et je souhaite réagir. La France a effectivement investi massivement à la sortie de la Seconde Guerre mondiale sur certaines technologies, mais nous avons ciblé deux ou trois technologies, par exemple le nucléaire. Nous avons décidé de développer la bombe nucléaire et l'énergie nucléaire. Ce sont donc des sujets très complexes, mais très ciblés. Nous savions où aller, avec une stratégie d'investissements canalisée vers cet objectif.

Dans le cas du numérique, nous ne savons pas réellement où nous devons aller. Si vous saviez ce qui marchera dans cinq ou dix ans, vous ne me le diriez pas parce que vous investiriez massivement dessus. Il existe de nombreuses possibilités, beaucoup de fléchages d'argent à faire. Il faut donc à mon avis mettre, au prorata du PIB, beaucoup plus d'argent sur la table que ce n'était le cas à la sortie de la Seconde Guerre mondiale.

Par ailleurs se pose le problème de la volonté des concitoyens à construire quelque chose. Ma femme s'étonnait de voir de nombreuses personnes avoir des T-shirts siglés « NASA » en France. Je lui ai répondu que ce serait bien que nous fassions de même avec des T-shirts siglés « ESA ». Elle m'a regardé et demandé : que signifie « ESA » ? L' European Space Agency (ESA) est tout de même quasiment l'équivalent de la National Aeronautics and Space Administration (NASA), mais la capacité que nous avons de créer des choses magnifiques ne fait plus rêver les Européens.

Quand donnerons-nous envie à nos ingénieurs d'aller marcher sur la Lune ? Quand donnerons-nous à nos ingénieurs l'envie de créer le smartphone de demain ? Notre ambition n'existe plus alors que les ambitions américaines et chinoises existent. Nos politiques ne font plus rêver les chercheurs ; c'est dommage. Le peuple français, le peuple européen ne rêvent plus à ce qu'ils sont capables de construire. Nous n'avons plus de projet qui donne à nos concitoyens l'envie de s'investir.

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