Nous recevons M. Bruno Sportisse, président-directeur général de l'Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique (Inria).
Établissement public à caractère scientifique et technologique (EPST), l'Inria soutient la recherche et l'innovation numérique en France et en Europe depuis cinquante ans. Il rassemble une large communauté scientifique (près de 200 équipes-projets réunissant 3 500 scientifiques). Sans entrer dans le détail de ses différentes actions, je signalerai son rôle central dans la stratégie française en matière d'Intelligence artificielle, son soutien au développement de l'écosystème technologique et enfin son engagement en vue du partage des connaissances et des compétences numériques, via le Class'Code notamment.
Je vous poserai d'abord la question rituelle qui ouvre chacune de nos auditions : que recouvre selon vous la notion, assez vaste, de souveraineté numérique ? Les pouvoirs publics y portent une attention croissante depuis la crise sanitaire. Nous en avons entendu de multiples définitions. Certains la rapprochent d'une forme d'autonomie stratégique ou décisionnelle. Comment l'appréhendez-vous personnellement ? Comment l'action de l'Inria contribue-t-elle à la promotion de notre souveraineté numérique nationale ou européenne ?
Je vous interrogerai en second lieu sur les forces et les faiblesses de la France et de l'Europe dans votre domaine de compétence, c'est-à-dire les technologies numériques ( cloud, Intelligence artificielle, etc.). Votre positionnement d'acteur de la recherche soutenant par ailleurs le développement de start-up technologiques me semble conférer une pertinence particulière à votre point de vue. L'écosystème numérique français rencontre-t-il selon vous des difficultés que nous pourrions contribuer à lever, le cas échéant ?
Nous souhaiterions aussi un point d'étape sur la stratégie nationale en matière d'Intelligence artificielle, où l'Inria joue un rôle clé. Nous n'ignorons pas que les instituts 3IA ont dû faire face à la crise sanitaire dès le lendemain de leur implantation.
Enfin, j'aimerais que nous échangions sur l'une de vos thématiques de recherche : la cybersécurité. L'actualité est régulièrement marquée par la révélation de cyberattaques de plus en plus sophistiquées. La crise sanitaire a donné une visibilité nouvelle aux menaces qu'elles font peser sur la France. Quelles réflexions vous inspirent-elles, tant du point de vue de la formation, de l'acculturation des acteurs privés et publics, qu'en termes de doctrine stratégique, de capacité d'action et de réaction ? Nous aborderons, à partir de là, plus généralement, la transmission des savoirs et des compétences numériques, qui doit constituer une priorité pour notre pays.