Intervention de André Chassaigne

Réunion du mercredi 15 juillet 2020 à 11h35
Commission des affaires européennes

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAndré Chassaigne :

Aucune filière n'a été totalement à l'abri de l'impact immédiat ou à moyen terme de la crise et nous nous sommes rendu compte que ce sont les produits labellisés et les plus qualitatifs qui ont souffert le plus fortement durant cette période, car ils sont très dépendants des débouchés qui ont été supprimés pendant le confinement. Ce sont les Signes d'identification de la qualité et de l'origine (SIQO).

Toutefois, la crise a eu des conséquences de nature et de force très différentes selon les filières. Pour la filière de la viande bovine, la période de confinement a été propice à un report de la consommation des parties dites « nobles » vers la viande hachée (avec une augmentation de 55 % en France) et à une baisse importante des exportations. La filière de la viande de veaux a également beaucoup souffert, conduisant à un prix en baisse en moyenne de 20 %, notamment du fait de la réduction des abattages.

Pour la filière de la viande ovine, le confinement a coïncidé avec la période de Pâques, très importante pour la filière. Celle-ci s'est très rapidement adaptée, en se tournant vers d'autres circuits de commercialisation et en réduisant les importations. Cela a empêché la catastrophe anticipée mais a tout de même entraîné une baisse substantielle des prix.

La filière laitière fait vraiment figure d'exception et d'exemple : en France, l'interprofession a mis en place un soutien à la réduction de la production laitière de 2 à 5 % au mois d'avril, pour ne pas avoir ensuite à gérer des stocks importants. Il s'agit de la seule filière à avoir mis en place ce dispositif qui a permis de stabiliser les prix. La filière fromagère a surtout connu un impact massif très négatif sur les produits AOP, du fait de la fermeture des restaurants et des rayons à la découpe dans les supermarchés.

La filière des fruits et légumes a connu une augmentation des ventes, du fait du report de la consommation en grande surface.

La filière horticole est en très grande difficulté, avec une baisse d'au moins 80 % de son activité. Il en va de même pour la filière viticole, avec près de 50 % de perte de chiffre d'affaires.

Globalement, les filières les plus touchées sont l'horticulture, la viticulture, les fromages sous signe de qualité, et certaines filières de viande de qualité.

Pour la pêche européenne, nous laisserons bien entendu Pierre Karleskind développer ce sujet. Mais la crise a révélé des failles importantes, notamment une très forte dépendance à la restauration hors domicile et à l'exportation, ainsi qu'un faible dialogue interprofessionnel en France.

Nous voudrions toutefois insister sur un élément qui nous a été régulièrement souligné pendant les auditions : la Commission européenne ne dispose pas d'une visibilité à moyen terme sur les marchés agricoles. Il existe en effet trois observatoires des marchés de l'agriculture et de la pêche mais ils sont concentrés sur l'ultra court terme ou le très long terme, et ne sont pas en lien suffisamment étroit avec les professionnels. Cela explique en partie pourquoi l'Union européenne réagit toujours très tardivement. Il faut en effet que la crise soit extrêmement tangible pour que la Commission soit à même d'agir et cela arrive souvent trop tard.

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