Ce qui risque de poser problème, c'est que nous retrouvons des thèmes qui existent depuis des années. Mon rapport a donné lieu à un livre, sorti en 2005, intitulé « La fracture européenne : 40 propositions concrètes pour mieux informer sur l'Europe. » Je voudrais citer une réalisation très concrète de l'une des recommandations de ce rapport, qui était de mettre le drapeau européen sur le fronton du Quai d'Orsay ; sur les bâtiments publics et à l'Assemblée nationale, alors qu'il n'y était pas. Il y a eu d'autres réalisations mais celle-ci est particulièrement symbolique.
Dans le cadre de cette présidence, nous disposerons seulement de trois mois « utiles », et ce dans un contexte tout à fait particulier qui est celui de la présidentielle. La dernière présidence française du Conseil de l'Union européenne est intervenue en 2008, la prochaine devrait également se dérouler dans treize ans.
Un élément me préoccupe particulièrement : il va y avoir abondance de propositions dans ce cadre, toutes de grande qualité. Va-t-on les mettre en œuvre ? Ne faudrait-il pas avoir un plan B consistant à définir un "noyau dur" permettant de mettre en œuvre un certain nombre de propositions concrètes dont on assurerait le suivi ?
Ce que vous avez indiqué au sujet de la distance entre nos concitoyens et l'Europe existe depuis longtemps, j'aimerais que vous nous expliquiez les raisons pour lesquelles c'est en France que l'euroscepticisme est le plus large. La question que vous abordez sur le fait que les médias ne parlent pas assez de l'Europe se pose de longue date, et tout le monde en est responsable, les médias comme nous, les élus, aussi bien les députés que les maires. De la même façon, quelle est la place de l'Union européenne aujourd'hui dans les programmes scolaires ?
Nous devrions nous donner comme objectif de définir certaines propositions, pas en trop grand nombre, mais que l'on s'assure de les mettre en œuvre, et qu'un suivi soit assuré par un comité de suivi, composé notamment de parlementaires.
Nous sommes tous responsables : les enseignants, les médias, les responsables politiques, les parlementaires. J'ai écouté Mme Schnapper avec grand intérêt, notamment sur le manque d'un grand récit : écrivons-le, mais écrivons-le ensemble, car sinon il y aura toujours cette distance croissante entre nos concitoyens et l'Europe. Il faut parler de l'Europe en France, c'est vrai, mais tous les responsables politiques doivent agir en ce sens : les parlementaires, et les ministres qui prennent des décisions à Bruxelles au nom de leur gouvernement.
Toutes ces réflexions se résument à un cahier des charges limité autour de quelques propositions essentielles, dont tous les responsables seraient comptables de la mise en œuvre.