En septembre 2017, le Président de la République donnait sa vision d'une Europe souveraine, unie et démocratique. Il évoquait alors la convergence sociale, sur laquelle nous avons bien avancé, et la convergence fiscale. Cette dernière devrait être l'une des priorités de la présidence française – et au-delà, car un semestre n'y suffira pas –, dans la logique du pacte de stabilité et de croissance. Ce dernier doit aussi faire l'objet d'un débat, car il y va de l'avenir de l'Europe et de sa souveraineté. Le seuil de 60 % du PIB pour la dette publique n'est plus tenable, alors que la dette de l'Allemagne atteint 75 % et celle de l'Italie, 150 %. S'il me semble légitime de conserver le seuil de déficit à 3 %, car il est proportionné, je crois très sincèrement qu'un travail doit être fait sur le seuil de dette. S'il n'y a pas de stabilité économique et financière, nous ne pourrons pas avancer dans les autres politiques publiques.
Toujours en lien avec la question de la souveraineté, je souhaite appeler votre attention sur une réalité que l'on évoque peu : une guerre des continents est en train de se dérouler sur plusieurs plans, économique, politique, migratoire. On ne peut plus raisonner à l'échelle de la France ou de l'Allemagne, car c'est la géopolitique qui est à l'œuvre. Il est impératif que le Président s'imprègne de cette logique de guerre des continents. Il doit susciter une initiative politique à l'égard de l'Afrique, continent dépendant et soumis, qui fait l'objet de démarches croissantes de la part de ceux qui cherchent à « l'obtenir ». Il est essentiel que l'Union européenne reprenne la main, d'une façon humaine, sur ce continent.
La présidence française doit celle de la clarté en matière de politiques publiques européennes. Par rapport à ses origines, l'Union européenne est en train de se disperser en multipliant les politiques internes, qui sont autant de mini-politiques publiques. Or son rôle n'est pas de se superposer aux États, qui sont là précisément pour mener des politiques publiques.