Mes chers collègues, l'ordre du jour appelle l'audition, à huis clos, du général Burkhard, chef d'état-major des armées (CEMA).
Général, j'ose espérer que cette audition sera la dernière de la législature, sans m'interdire, en cas de détérioration de la situation internationale, de vous solliciter à nouveau. Il s'agit d'une audition bilan, qui offre également l'occasion de traiter de sujets dont on ne peut pas dire qu'ils sont d'une actualité brûlante. Elle vient à point nommé, après l'examen, ce matin, de deux rapports d'information passionnants, et concordants d'ailleurs, dont les thèmes sont au cœur de vos réflexions et devraient inspirer de nombreuses questions : la préparation à la haute intensité et les enjeux de la défense en Indo-Pacifique.
Général, nous nous connaissons bien. Nous vous avons déjà auditionné en tant que CEMA, et auparavant en tant que chef d'état-major de l'armée de terre (CEMAT). Si je devais vous résumer en une devise, je l'emprunterais volontiers à Henri Bergson : « Il faut agir en homme de pensée et penser en homme d'action ».
D'ores et déjà, vous avez attaché votre nom à plusieurs concepts qui inspirent vos décisions quotidiennes, notamment le nécessaire durcissement des armées et le désormais fameux triptyque « compétition-contestation-affrontement », que vous avez substitué au traditionnel « paix-crise-guerre ». Nous ne pouvons plus recevoir un militaire qui ne s'y réfère, et plusieurs des membres de la commission l'ont aussi fait leur !
Nous vous devons aussi l'ambition affichée de « gagner la guerre avant la guerre », en infléchissant la détermination de nos adversaires. C'est à cet exercice que se livrent en ce moment même les Occidentaux face à la Russie, à propos de l'Ukraine. Nous espérons le succès de cette stratégie.
Lors de votre dernière audition, vous avez affirmé que votre ambition était de faire face à la menace la plus probable en nous préparant à affronter la menace la plus dangereuse, c'est-à-dire aux pires hypothèses. Estimez-vous que nous sommes sur la bonne voie ? Quels efforts d'adaptation faut-il encore réaliser à court, moyen et long terme, et quels sont les points de vigilance sur lesquels vous aimeriez insister ?
Outre ces sujets généraux, je ne doute pas que nos collègues vous interrogeront sur l'adaptation de notre dispositif au Sahel et sur les conséquences de la participation de la France à la présence renforcée de l'OTAN en Roumanie.