En tout état de cause, ce n'est pas une insulte que de vous renvoyer à M. Cazeneuve et à M. Valls. Ces grands ministres de l'intérieur socialistes ont inscrit leur action dans la continuité de celle de Georges Clemenceau, qui a profondément inspiré la doctrine française du maintien de l'ordre public et qui était très attentif au respect des libertés fondamentales.
M. Clément a d'ailleurs lui-même soutenu jadis les gouvernements auxquels appartenaient ces deux ministres, qui ont mené une politique dans ce domaine à laquelle je n'aurais personnellement strictement rien à redire. Il n'y a pas, d'un côté, les gouvernements qui défendent les libertés et, de l'autre, ceux qui ne les soutiennent pas. Si c'était le cas, notre débat n'aurait pas beaucoup d'intérêt.
Pour assurer l'ordre public dans de bonnes conditions, il est évidemment nécessaire de limiter l'usage de la force, mais aussi de nous doter des instruments indispensables pour répondre aux difficultés qui caractérisent notre époque, liées notamment à la diminution des services d'ordre dans les manifestations. Ce n'est évidemment pas la même chose de surveiller une manifestation de quelques millions de personnes, dotée d'un important service d'ordre, dans la capitale, et des centaines de manifestations tous les samedis, en France, sans services d'ordre – les manifestants ont bien entendu le droit de manifester, mais dans le respect absolu des biens et des personnes. Les problèmes surgissent aussi quand les responsables des services d'ordre sont aveugles aux débordements ou n'ont pas reçu la formation qui leur permettrait d'assumer efficacement cette tâche. L'une des erreurs commises par notre pays a été de diminuer le nombre de policiers, de CRS et de gendarmes mobiles,…