Nous sommes là aujourd'hui pour examiner la loi de ratification de l'ordonnance du 21 avril 2021 relative à la représentation des travailleurs indépendants recourant aux plateformes.
Ratifier une ordonnance à l'élaboration de laquelle le Parlement n'aura pas été associé et qui prévoit par ailleurs d'autres ordonnances à l'élaboration desquelles il ne sera pas plus associé : convenez qu'il y a quelque chose d'incongru à prétendre renforcer le dialogue social en rétrécissant le débat parlementaire. Mais il est vrai que le quinquennat nous aura appris que vous n'êtes attachés ni à l'un ni à l'autre, ce qui est sans doute un grand tort au moment où la tentation autoritaire apparaît plus que jamais avoir la force sociale et l'organisation politique nécessaires pour prospérer, et où l'emballement de la défiance est partout. Pour sauver la démocratie, il y a besoin de plus de démocratie, et de démocrates exigeants.
Madame la ministre, nous sommes là et nous ne nous contenterons pas de signer au bas de la page, mais nous débattrons point par point de cette affaire sérieuse et complexe qu'est l'économie des plateformes, avec la haute conscience que nous sommes au cœur d'une grande révolution qui percute tous les cadres connus de la société passée ou, à tout le moins, prétend les discuter et, parfois, les conteste.
Nous voyons en effet surgir sous nos yeux – avec, il est vrai, notre complicité de consommateurs – un capitalisme numérique qui se joue des frontières, des États et de leurs règles, un management par les algorithmes qui se joue des femmes et des hommes qui travaillent aujourd'hui pour ces plateformes comme on travaillait hier à la mine. Ce n'est pas Zola, ni Hugo, ni les Thénardier, me direz-vous, mais c'est quand même la misère, ici, en France, à Paris,…