J'ai déjà eu l'occasion d'évoquer en commission spéciale un ouvrage publié en 2008 à l'initiative de l'Institut national de la recherche agronomique, Les nouvelles ruralités à l'horizon 2030, qui envisage quatre scénarios possibles pour l'avenir du monde rural. L'un d'eux, intitulé : « Les campagnes au service de la densification urbaine », m'avait beaucoup effrayé à l'époque, moi qui ai longtemps été conseiller général et maire d'un village de montagne de 500 habitants, où je vis toujours, dans un hameau comptant quatre maisons. Je vais vous en lire quelques extraits.
« En 2030, les rapports ville-campagne ont radicalement changé, si on les compare à ce qu'ils étaient au début du siècle. L'arrêt du développement résidentiel des espaces ruraux constitue le principal retournement de tendance par rapport aux migrations résidentielles observées il y a trente ans. »
Sous le titre « Une densification de la population et une concentration des activités dans les villes, au détriment des territoires ruraux », on peut lire : « En contraignant les déplacements entre villes et campagnes, l'augmentation du coût de l'énergie fossile a, en l'absence d'énergie de substitution à bas coût, stoppé la périurbanisation et le développement résidentiel des campagnes ; elle a produit une concentration de la population et des activités dans les villes. Cela a donné naissance à des grands ensembles métropolitains régionaux […]. Pour rendre ces grands ensembles urbains à forte densité plus vivables, les métropoles développent des espaces de respiration destinés aux loisirs et à l'agrément des habitants (parcs, forêts, espaces agricoles intra-urbains).
Suivent deux autres chapitres, l'un intitulé « Une relocalisation des activités en fonction de l'accès aux équipements logistiques », et l'autre « Des espaces dédiés à la nature, à l'agro-industrie, à l'énergie : des fonctions séparées au service de la métropole ». J'en tire ces deux extraits : « De vastes espaces protégés sur le modèle de gestion des Parcs nationaux, ou de grands massifs forestiers sont consacrés à la gestion de la nature » et « Dans une société profondément préoccupée par les questions environnementales et de maintien de la biodiversité, ces espaces de nature protégés cristallisent les représentations de la nature sauvage, fantasmée par les urbains qui, pourtant, n'y accèdent que rarement. »