Intervention de André Chassaigne

Séance en hémicycle du vendredi 16 avril 2021 à 15h00
Lutte contre le dérèglement climatique — Article 59

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAndré Chassaigne :

Je pense que nous sommes tous d'accord sur le fait que les choix nutritionnels, pour ne pas dire éthiques, consistant à ne pas manger de viande doivent être pris en considération. Voilà comment je ressens les choses. J'en ai déjà parlé en commission spéciale : dans ma famille, une petite fille de 8 ans a ainsi décidé, sans pression extérieure, de ne plus manger de viande. Je me suis donc demandé ce que j'aurais fait face à une telle démarche si j'avais encore été le principal du collège qu'elle a ensuite fréquenté. La difficulté à laquelle nous sommes confrontés est bien de répondre à ce type de choix personnel de nutrition que je qualifierais d'éthique.

Or je ne crois pas que les amendements déposés par La France insoumise et figurant dans cette discussion commune visent à apporter une réponse à cette difficulté : ils tendent plutôt à soutenir la bifurcation écologique que ce parti défend. Ils reviennent à présenter l'élevage comme un problème écologique auquel il faudrait remédier, ce que je ne crois pas ! Nos perceptions des choses sont très différentes.

En toute transparence, j'avoue avoir été sensible aux propos que Mme la rapporteure et M. le ministre viennent de tenir. S'ils étaient intervenus plus tôt, j'aurais peut-être voté contre les amendements qui visaient à supprimer l'article plutôt que de m'abstenir. Il me semble important de le dire, par souci de transparence et d'honnêteté intellectuelle.

Il n'en demeure pas moins, monsieur le ministre, que rien n'est véritablement fait pour limiter les importations de viande, ce qui pose un problème politique. La succession d'accords de libre-échange a conduit à cette situation, tandis que nous nous sommes rendu compte que l'article 44 de la loi ÉGALIM, dont M. Moreau était le rapporteur, n'est pas applicable et que nous n'avons en réalité pas les moyens de contrôler que la viande que nous importons répond à nos normes environnementales et sanitaires – sachant que nous n'avions même pas imposé le respect de nos normes sociales : c'est à ce niveau que le problème se situe.

Il faut donc mener une politique résolue pour lutter contre les importations de viande, mais cela ne figure pas dans le présent projet de loi. Nous avions proposé des amendements en ce sens, mais ils ont été évacués au motif que cette question n'entrait pas dans le périmètre du texte. Le problème reste donc entier. Pour ma part, j'insiste sur la nécessité de ne pas confondre ce qui relève du choix éthique et nutritionnel d'un individu avec ce qu'on appelle la bifurcation écologique, car cela reviendrait à considérer que l'élevage est néfaste pour le climat.

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