Intervention de Sonia Krimi

Séance en hémicycle du mardi 4 mai 2021 à 9h00
Questions orales sans débat — Ligne cherbourg-paris

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSonia Krimi :

Ce matin, je vais vous parler du train-train normand, du train-train de la Manche, et de la ligne Paris-Caen-Cherbourg. Saleté, impossibilité de se soulager dans des conditions dignes à bord du train, retards à répétition, rames non conformes et suppressions de trains : voilà ce que je subis depuis dix ans que je vis dans le Cotentin. La fracture territoriale s'y creuse depuis trente ans.

Le Conseil économique, social et environnemental régional – CESER – de Normandie a réalisé une étude intéressante : sur une carte de France présentant le temps de trajet gagné entre la province et Paris – depuis Bordeaux, Marseille, Nice ou Lyon par exemple –, on constate que la région normande est une exception – un trou noir, pour ainsi dire. Depuis trente ans, le temps de trajet jusqu'à Paris s'y est en effet allongé au lieu de se réduire, passant de deux heures cinquante avec le train à charbon dans les années 1970 à trois heures quarante aujourd'hui en moyenne.

À la fracture territoriale s'ajoute une fracture écologique. L'écologie étant un sujet qui suscite de l'engouement et motive le vote des électeurs, je vous propose que nous en parlions : les préoccupations environnementales impliquent de favoriser les transports publics, notamment le train. Or en Normandie, 80 % des déplacements domicile-travail s'effectuent en voiture, et 6 % seulement en transports en commun. Le compte n'y est donc pas.

Je voudrais évoquer un projet important qui traîne en longueur depuis des années, le projet « saut-de-mouton ». Environ deux cents trains normands arrivent chaque jour en gare de Paris Saint-Lazare, pour des milliers de trains franciliens. Les premiers arrivent par les voies de gauche et doivent stationner du côté droit de la gare, tandis que les seconds arrivent des voies de droite et doivent stationner à gauche. Bien entendu, ce sont les trains normands qui doivent attendre à l'intersection – ce que je comprends très bien, compte tenu du nombre de trains franciliens. Mais le projet est aujourd'hui bloqué, alors que les habitants de la Manche et de la région Normandie l'attendent ; ils n'ont que faire du calendrier électoral et voudraient qu'il accélère.

Tout ce que je viens d'exposer n'est pas digne du XXIe siècle. J'espère que les 40 milliards d'euros du plan France Relance financés par l'Europe – sur 100 milliards – permettront de créer une ligne à grande vitesse Paris-Caen-Cherbourg. Vous me répondrez sans doute, madame la ministre déléguée, que la région a déjà fait le nécessaire concernant les rames, mais ces nouvelles rames sont comme des Ferrari qui rouleraient sur des routes départementales vétustes ! Je rends hommage aux efforts des associations d'usagers, du CESER, des agents de la SNCF et des élus locaux, qui travaillent depuis des années sur ces sujets. Mais aujourd'hui, je ne peux pas annoncer aux habitants du Cotentin qu'ils gagneront dix minutes de trajet en 2038 ; ce n'est pas concevable ! Je fais partie des élus locaux qui rêvent d'une ligne à grande vitesse pour le Cotentin.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.