Intervention de Paul Christophe

Séance en hémicycle du mardi 4 mai 2021 à 15h00
Action de l'État à l'égard des plus précaires durant la crise sanitaire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPaul Christophe :

La période de crise économique et sociale que nous traversons est d'une ampleur non égalée depuis la Seconde Guerre mondiale. En raison du ralentissement de l'activité économique, notre produit intérieur brut (PIB) a enregistré un recul de 8,3 % en 2020, et dans le même temps notre chômage s'est accru de 7,5 % malgré les 27 milliards d'euros consacrés au financement du chômage partiel. Face à ce constat, nous nous devons de souligner les particularités de cette crise pour tenter de trouver les solutions adéquates.

Cette crise est particulièrement marquée par la situation de nos concitoyens les plus jeunes qui paient un tribut bien plus lourd que la moyenne des Français. En effet, leur revenu s'est réduit en moyenne de 5 à 10 % par rapport à 2019.

Notre situation économique a aussi entraîné dans la précarité des personnes appartenant à des catégories socioprofessionnelles qui en étaient jusqu'alors éloignées. C'est notamment le cas des indépendants ou des intérimaires. S'il est encore trop tôt pour quantifier précisément l'impact de la pandémie de covid-19 sur la pauvreté des ménages, l'Observatoire des inégalités estime cependant que plusieurs centaines de milliers de personnes ont déjà basculé dans la pauvreté depuis le début de la crise. En conséquence, l'action de l'État à l'égard des plus précaires de nos concitoyens s'est structurée autour de trois priorités : soutenir le revenu des plus modestes via l'attribution d'aides exceptionnelles, développer des solutions d'insertion et d'activité pour les personnes sans emploi, notamment avec le plan « 1 jeune, 1 solution », renforcer le maintien et l'accès au logement et l'hébergement d'urgence. Ces mesures viennent en complément de la stratégie nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté dotée d'une enveloppe de 8,5 milliards d'euros pour la période 2018-2022. Ces dispositions inédites ont été instaurées pour éviter que nos concitoyens les plus vulnérables ne basculent dans la spirale de la grande précarité.

La crise sanitaire et sociale a également montré la nécessité de renouveler les liens entre la société civile, l'échelon local et les pouvoirs publics. En effet, face à la situation d'urgence sociale, de nombreuses associations se sont fortement mobilisées sur le terrain pour répondre à l'afflux des demandes, avec parfois de fortes disparités selon les territoires dans la gestion ou la coordination de l'aide par les préfectures, les départements et les communes. Ces disparités peuvent s'expliquer par le manque de lien et de connaissance mutuelle entre les pouvoirs publics et les acteurs du monde associatif dans certains territoires.

Le formidable élan de solidarité qui a ainsi pu être observé parmi nos concitoyens démontre un véritable potentiel qui ne demande qu'à s'exprimer et à s'élargir. Pour cela, nous pensons que l'État doit accompagner le développement de toutes ces infrastructures humaines qui créent du lien social et soutiennent les plus démunis, devenant indispensables au bon fonctionnement de notre société. De plus, ce développement répond à une envie croissante, de la part de notre société, de plus d'horizontalité. L'entraide et l'auto-organisation peuvent nous permettre de sortir de la solidarité descendante de notre système social pour intégrer pleinement nos concitoyens dans le pouvoir d'agir pour la collectivité.

Pour ce faire, nous pensons qu'il est nécessaire de sortir de la logique purement contractuelle qui s'est peu à peu imposée ces dernières décennies dans les relations entre les pouvoirs publics et les associations pour instaurer un partenariat plus inclusif. Ainsi, dans le cadre du plan de relance, notre groupe Agir ensemble avait proposé de donner à l'échelon local plus de souplesse, tout en assurant une meilleure coordination entre les différents acteurs. Nous soutenons qu'il faut placer le préfet au cœur des stratégies locales et le doter de moyens renforcés, au niveau tant de son pouvoir réglementaire que du droit à la différenciation, pour tenir compte des spécificités des territoires. Les cellules de crise activées par les préfets pendant cette séquence inédite ont prouvé toute leur efficacité en mettant autour de la table les différents acteurs locaux. Les représentants associatifs locaux doivent également être intégrés dans ces instances, ce qui permettra une gouvernance plus inclusive, où chaque acteur local – associations et collectifs citoyens, élus, institutions publiques – pourrait s'exprimer et ainsi relayer sa connaissance du terrain.

Cette approche partenariale a déjà fait ses preuves pendant cette crise sanitaire et sociale. Je peux en témoigner : alors que le nombre d'allocataires du RSA au niveau national est en constante augmentation, le département du Nord a vu plus de gens sortir du dispositif qu'y entrer. Ce succès est dû à une relation partenariale de confiance entre le département du Nord, le monde économique et Pôle emploi, ce qui montre qu'une collaboration intelligente et efficace peut permettre de grandes avancées. Au plus fort de la crise sanitaire, les allocataires ont continué à être accompagnés tout en restant en lien avec les besoins des entreprises. Une aide financière spécifique Activ'emploi a été développée, permettant dans les 24 heures aux allocataires du RSA de payer les premiers frais liés à la reprise d'activité ou à la formation. De plus, dès la fin du mois de novembre, le département du Nord a enregistré, conjointement avec Pôle emploi, une nouvelle opération intitulée « Réussir sans attendre », visant à aider les bénéficiaires du RSA à retrouver le chemin de l'emploi. J'ai pu moi-même constater les bienfaits de ces actions.

Je suis donc intimement convaincu que la réussite de l'action de l'État à l'égard des plus précaires de nos concitoyens doit nécessairement passer par une contractualisation plus forte et un partenariat renforcé avec les relais de l'action locale et des collectivités locales.

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