Nous atteignons un record de pauvreté inédit en France depuis la seconde guerre mondiale, et jamais autant d'individus n'avaient été inscrits auprès du service public de l'emploi. Les demandeurs d'emploi sont désormais près de 7 millions.
L'emploi est un droit, proclamé par la Constitution de l'an I en 1793 : « La société doit la subsistance aux citoyens malheureux, soit en leur procurant du travail, soit en assurant les moyens d'exister à ceux qui sont hors d'état de travailler. » Ce droit est réaffirmé par la Constitution en vigueur : « Chacun a le devoir de travailler et le droit d'obtenir un emploi. »
Nous en sommes certains, chaque homme, chaque femme aspire à vivre dignement de son travail. Le chômage de masse est non seulement un gaspillage de masse pour la collectivité et pour les individus dont les qualifications et les savoirs s'estompent, mais il constitue aussi un problème sanitaire. Chaque année, le chômage tue plus de 10 000 personnes par toutes ses conséquences, dépression, anxiété, isolement ; il disloque les familles.
On nous parle régulièrement des quelque 300 000 emplois non pourvus. Mais que sont-ils face aux 7 millions d'inscrits à Pôle emploi ? Même si tous ces emplois étaient occupés, il resterait une masse de chômeurs considérable.
Parfois, on sort des statistiques du chômage pour avoir occupé un contrat court – plus de 80 % des embauches se font avec ce type de contrat. Qu'attendez-vous pour instaurer des quotas afin de refaire du CDI la règle ?
Avec votre réforme de l'assurance chômage, qui prétend encourager le retour à l'emploi en réduisant les indemnités, vous ne vous attaquez pas au chômage, mais aux chômeurs. Plus d'un chômeur sur deux n'est pas indemnisé, mais vous allez rendre plus difficile l'accès à l'indemnisation ! Vous allez aussi créer des inégalités incroyables, puisque l'on a découvert qu'à travail égal et à salaire égal, en fonction de simples effets de calendrier, une personne pourra toucher cinquante fois moins qu'une autre… Nous devons rappeler sans cesse que l'indemnisation du chômage n'est pas la charité. C'est le fruit des cotisations versées par les travailleurs pour prévoir ce risque.