Je maintiens qu'il faudrait augmenter les occasions pour des jurés de s'impliquer dans des procès plutôt que de les réduire. Encore une fois, cela n'a rien à voir avec l'expression d'une confiance ou d'une défiance à l'égard des magistrats : là n'est pas le sujet. Il s'agit de rétablir la confiance dans l'institution judiciaire et de faire en sorte que le plus grand nombre s'y implique.
La cour criminelle départementale se heurtera à des écueils. Tous les retours ne sont pas si positifs ; certains le sont, d'autres moins, je n'entrerai pas dans ce débat. La célérité avec laquelle le ministère de la justice publie un rapport pour défendre l'article 7 laisse penser que le bilan n'est pas si net.
Le rapport de MM. Mazars et Savignat explique qu'une des conditions du bon fonctionnement de la cour criminelle départementale est que le président soit par ailleurs président de cour d'assises. Ce critère garantit la bonne tenue des procès, leur qualité et l'oralité des débats. Mais en généralisant les cours criminelles départementales, donc en réduisant le nombre d'audiences de cours d'assises, vous allez assécher le vivier. Mécaniquement, de nouvelles générations de présidents de cour criminelle départementale n'auront jamais présidé de cour d'assises. Vos garanties sont donc assez maigres et fragiles. En outre, il faut cinq magistrats professionnels pour siéger. On voit bien à la lecture des articles suivants, qui évoquent la présence de magistrats honoraires et temporaires, que vous aurez des difficultés à constituer ces collèges. Pour toutes ces raisons, il me semble plus raisonnable d'en rester au dispositif de la cour d'assises et de lui assigner des moyens supplémentaires.