Les crédits automatiques sont absolument contraires à ma conception de l'humanisme. Certains pouvaient rester sur leur lit en attendant de bénéficier de leur réduction de peine. Or la population carcérale compte de nombreuses personnes en situation de précarité, avec une histoire particulière en matière sociale et éducative. Il est très important de les inciter à l'effort.
Lorsque j'ai visité la maison d'arrêt de Villepinte pour constater les travaux réalisés et les formations diplômantes proposées, une éducatrice m'a dit : « Vous savez, monsieur le ministre, pour certains gamins de banlieue, se lever est un effort. » Oui, se lever est un effort ; apprendre à lire est un effort ; se soigner est un effort ; se désintoxiquer est un effort. Les JAP le savent bien, car ils y sont confrontés dans le régime RSP.
Cela implique que nous développions le travail en prison – je l'ai dit, 50 % des détenus travaillaient dans les années 2000, contre 29 % aujourd'hui. À cet égard, nous le verrons ultérieurement, nous créons le contrat d'emploi pénitentiaire afin d'encourager les entreprises à fournir du travail en prison.
Les réductions de peine ne sont pas des faveurs accordées aux détenus, elles sont le gage de leur réinsertion. Lorsqu'un homme se lève, travaille, se forme, se soigne, respecte – c'est pour moi très important – le personnel pénitentiaire, à qui je veux rendre hommage ici, cela donne quelques gages de réinsertion.
Les hommes sont condamnés et c'est normal. Je n'ai jamais renié la prison en dépit de ce que disent certains. « Ministre des détenus », je l'ai entendu deux cents fois, je le lis dans les tweets, je le vois sur les affiches. Les détenus sont dans le périmètre de mon ministère comme les agents pénitentiaires, les magistrats, les greffiers, les avocats, les huissiers de justice et les victimes. Mais tout de même, il faut se souvenir d'une chose : quand un homme sort de prison – car il sort un jour –, faut-il qu'il sorte meilleur ou qu'il sorte pire ? Voilà la réalité, elle s'impose à nous.
Alors on me parle en ricanant de ce qu'a pu dire Mme Le Pen. Mais Mme Le Pen, le matin, doit bien dire : « Bonjour », comme moi – ce sont les conventions. Quand il fait beau, je ne peux pas dire qu'il pleut. Que voulez-vous que je vous dise ! Tant mieux si Mme Le Pen vote en faveur du texte ; elle viendra sans doute à l'Assemblée nationale expliquer que c'est une excellente mesure.