…en tout cas, il y a de la place pour les prédateurs du foncier !
Les dérogations prévues relèvent d'un droit mou, incertain. Pour ma part, j'en reste à des principes très simples : la terre doit aller à ceux qui en ont besoin, avec une priorité à l'installation et à l'agrandissement. Toute sortie des critères fixés peut être dangereuse, comme nous l'a montré l'exemple, dans l'Allier, d'opérateurs chinois qui avaient justifié leur achat par une création d'emplois dans la filière du pain. Ils ont fait faillite et sont partis la queue entre les jambes, mais ils avaient raconté une très belle histoire de mondialisation qui, avec ses arguments en faveur de l'écologie et de la filière agroalimentaire, aurait pu plaire au comité technique d'une SAFER. Ce n'est pas sérieux ! Le code rural et de la pêche maritime indique très clairement les priorités, on ne peut pas se permettre d'y déroger.
On cherche à donner des super-pouvoirs au comité technique de la SAFER, mais laissez-moi tenter une comparaison avec le domaine de l'urbanisme : donner un permis d'aménager, ce n'est pas délivrer un permis de construire. Or, nous sommes en train de donner aux comités techniques des SAFER à la fois le permis d'aménager et le permis de construire, en lieu et place d'une autorisation d'exploiter qui, elle, relève d'un contrôle des structures et correspond à un pacte républicain entre l'agriculture et la nation. La compensation me semble une technique beaucoup plus dangereuse qu'on ne le suppose.