Ces amendements posent objectivement problème. C'est dans la clarté et non dans l'amalgame qu'il faut défendre les principes de la République. La défense de la démocratie, de la laïcité et de la souveraineté nationale posent des problèmes d'ordres différents et, quand je lis que vous proposez d'interdire de tenir « des propos contraires aux principes de la souveraineté nationale », je ne suis pas d'accord. Dans une démocratie, on peut tenir publiquement des propos sur tous les sujets. Allons-nous en revenir au temps où il était interdit de penser contre la République ? Quelle conception de la démocratie avons-nous ? Dans une région dont les habitants pensent que le statut doit évoluer, est-il préférable que nos concitoyens formulent le problème publiquement devant les électeurs ou qu'ils posent des bombes, la nuit ?
Je vous signale qu'il y a quelques jours, en Corse, 72 % des votants se sont prononcés peu ou prou pour une évolution du statut de ce territoire, y compris en faveur d'indépendantistes – plusieurs ont été élus. Qu'allez-vous faire de ces électeurs ? Allez-vous les bâillonner, leur interdire de débattre de l'avenir de la Corse ? L'unité nationale s'obtient par l'adhésion des citoyens et non par le bâillon, et l'adhésion s'obtient en respectant la culture, la personnalité des gens – ce qu'ils sont comme citoyens et comme êtres humains.