Tout d'abord, nous souhaitons remercier le groupe Les Républicains de consacrer une partie de sa journée d'initiative parlementaire à la situation des abeilles, nous rappelant, si besoin était, la fragile situation de ces hyménoptères. Au sein de cet hémicycle, nous ne pouvons qu'évoquer le caractère mythique et politique de cet être vivant. On ne peut compter les récits, les représentations, les fictions et les fables qui mettent en scène les abeilles, liées à l'homme depuis des milliers d'années.
La place occupée par l'abeille dans l'imaginaire populaire lui vient de ses caractéristiques propres, notamment sur le plan politique : c'est un animal social, dont la vie s'inscrit dans celle de la collectivité à laquelle il appartient ; c'est un animal guerrier, qui sait se battre pour défendre son habitat, ses ressources et sa progéniture ; c'est un animal, enfin, dont la communauté est organisée hiérarchiquement autour d'une autorité unique. C'est donc sans surprise qu'elle fut associée à différents régimes politiques de notre histoire, de Childéric Ier , fondateur de la dynastie mérovingienne, à l'empire napoléonien.
Les progrès de la science nous ont aussi renseignés sur son rôle essentiel dans la chaîne alimentaire et le maintien de la biodiversité. Les abeilles sont indispensables et garantissent, grâce à la pollinisation, la reproduction des espèces végétales. L'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (INRAE) a ainsi estimé qu'elles assurent un tiers de l'alimentation mondiale, un service environnemental évalué à 153 milliards d'euros par an.
Néanmoins, ces insectes connaissent, depuis vingt ans, une chute de leur population, qui touche la production de miel, divisée par deux en France. Les causes d'un tel cataclysme sont multiples et plutôt bien identifiées : l'utilisation de produits phytosanitaires, dont les néonicotinoïdes, qui sont nuisibles aux abeilles ; la diffusion de maladies et de parasites ; l'introduction accidentelle du frelon asiatique depuis quinze ans, qui décime les colonies ; les pratiques d'une minorité d'apiculteurs, peu respectueux du bien-être des abeilles ; la standardisation des espèces d'abeilles, dont la diversité biologique faiblit ; la monoculture intensive, qui fragilise les sources d'alimentation des abeilles ; le changement climatique, qui bouleverse l'ensemble des écosystèmes.
En tant que députée d'un territoire vulnérable au changement climatique et à l'érosion de la biodiversité, je suis particulièrement sensible à ce sujet. Ainsi, à titre personnel, je n'étais pas favorable au texte sur les néonicotinoïdes adopté l'an dernier. Face à un constat édifiant, la présente proposition de résolution est animée de bonnes intentions, même si elle ne propose pas de solutions concrètes. Déclarer la sauvegarde des abeilles « grande cause nationale 2022 » peut être utile, mais seul un travail de long terme pourra inverser durablement la situation et nous devons collectivement nous y employer.
Le texte a néanmoins le mérite de sensibiliser le grand public à la cause des abeilles et à la lutte contre le frelon asiatique, ce qui passera notamment par une sensibilisation de toutes et de tous à l'ensemble des petits gestes possibles en faveur des abeilles : construction d'abris à insectes, culture de certaines plantes, tontes moins fréquentes.
Nous avons soutenu des solutions concrètes et réalistes, comme l'amélioration de l'étiquetage du miel pour défendre les revenus des apiculteurs et lutter contre les importations de faux miels. Nous soutenons aussi le rétablissement des haies bocagères dans le monde rural, pour favoriser la biodiversité. Nous proposons également de nous inscrire dans le cadre européen – socle idéologique de l'UDI –, afin d'engager un plan d'actions concerté sur tout le continent, car les espèces invasives, les parasites, les maladies, même animales, ne connaissent pas les frontières.
Nous n'échouerons pas, nous n'en avons pas le droit, au risque de devoir recourir à des armées de travailleurs agricoles pour assurer une pollinisation manuelle, à l'image de la Chine, ou de devoir investir dans des flottes de drones miniatures, comme les États-Unis envisagent de le faire. Pour toutes ces raisons, face à l'urgence de la situation, le groupe UDI et Indépendants votera en faveur de la proposition de résolution.