Je tiens à saluer l'initiative du groupe Les Républicains qui a inscrit ce sujet à l'ordre du jour. Plus que jamais, les étudiants ont besoin de signes positifs. La crise sanitaire a bouleversé nos vies, mais à l'âge où l'on sort de l'adolescence, où l'on découvre la liberté, l'autonomie, l'indépendance, où l'on se construit en tant que personne, en multipliant les interactions sociales, amicales, amoureuses, les conséquences de la crise sanitaire ont représenté un tsunami pour nos jeunes.
La santé mentale de nos jeunes s'est particulièrement détériorée. Outre l'absence de lien social, c'est le fait d'avoir été confrontés à la précarité qui les a déstabilisés. Du jour au lendemain, les étudiants se sont retrouvés confinés dans leur studio, isolés de leur famille et de leurs proches, obligés de suivre des enseignements en visioconférence avec toutes les difficultés liées à la précarité numérique et dans l'impossibilité de garder leur job d'appoint. Manger à leur faim est devenu un réel problème.
La crise sanitaire nous a donc prouvé, si besoin était, que les lieux de vie étudiante que représentent les restaurants universitaires ont une utilité sociale essentielle. D'ailleurs, leur fréquentation est en constante hausse, entre 8 et 10 % par an. Garantir aux étudiants un repas diversifié, équilibré, sain pour 3,30 euros voire 1 euro sous certaines conditions, est une mission que l'État, par l'intermédiaire du CNOUS, doit au minimum remplir. Mais nous savons, et les auditions menées par la rapporteure en attestent, que le système est perfectible, car si le dispositif est universel, son accès ne l'est pas.
Nous en venons au cœur du sujet de la proposition de loi. Les vingt-six CROUS gèrent 801 points de vente, c'est-à-dire des restaurants ou cafétérias répartis dans 701 sites. Les CROUS ont pris conscience de la nécessaire évolution de l'offre et se sont engagés dans le développement de l'offre de restauration rapide en installant des cafétérias, saladeries, food trucks, etc. Ces structures représentent désormais 45 % de l'offre, mais la recherche de nouvelles formules permettant de mieux répondre à l'évolution des pratiques de consommation des étudiants s'impose, faute d'une totale couverture. En effet, si la répartition n'est pas un sujet dans les grandes agglomérations, en particulier en Île-de-France, il en va différemment dans d'autres territoires dans lesquels des établissements d'enseignement supérieur sont éloignés du site principal. C'est souvent le cas des antennes délocalisées de facultés ou des instituts universitaires de technologie – IUT. Dans ces situations, l'accès à un tarif subventionné de restauration n'existe pas.
La création d'un ticket restaurant étudiant sur le modèle du ticket restaurant salarié est une avancée à saluer. Elle bénéficiera aux 10 à 15 % des 2,7 millions d'étudiants. Qu'il ne soit accessible qu'aux étudiants fréquentant les zones blanches de restauration universitaire se justifie. D'une part, il ne faut pas déstabiliser le monde économique fragile des CROUS en détournant les usagers, d'autre part, le maintien du dispositif actuel dans les zones desservies assure aux étudiants une offre d'alimentation diverse, équilibrée et saine. Le ticket restaurant étudiants pallie une carence devenue criante à l'occasion de la crise sanitaire. Je suis persuadée que, dépassant les positions partisanes, nous voterons unanimement la création du ticket restaurant étudiant, car nous avons une lourde responsabilité vis-à-vis des jeunes générations.