Intervention de Nicole Sanquer

Séance en hémicycle du jeudi 7 octobre 2021 à 21h30
Filière française de production de masques — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaNicole Sanquer :

Nous saluons la décision du groupe Les Républicains de mettre à l'ordre du jour la question des masques sanitaires, mise en lumière lors de la crise sanitaire liée au covid-19. En tant que députée de Polynésie française, qui vient de subir de plein fouet une nouvelle vague, j'y suis particulièrement sensible. Je tiens ici à remercier la solidarité nationale pour l'aide matérielle et humaine dont nos compatriotes bénéficient en ce moment même.

En mars 2020, nous avons découvert, dans un vertige impressionnant, l'impréparation de notre pays face à une crise sanitaire majeure et les erreurs délibérées qui ont conduit à le désarmer. Le rapport issu des travaux de la commission d'enquête de l'Assemblée nationale a ainsi démontré que des négligences ont conduit notre pays à plusieurs échecs concernant les masques et les tests – y compris lorsque nous nous préparions contre la deuxième vague –, que la mobilisation collective n'aura pas permis de rattraper. Nous devons désormais tout faire pour être préparés en cas de nouvel événement majeur.

En plus d'être sanitaire, économique et sociale, cette crise que nous espérons bientôt derrière nous est celle d'un modèle de gouvernance. Ce qui vaut pour le sanitaire vaut en réalité dans tous les domaines. En dépit d'indéniables réussites par ailleurs – sur l'aspect économique par exemple, ou dans le fonctionnement des services publics –, nous pensons que l'épidémie est révélatrice de maux profonds qui minent l'État depuis de nombreuses années.

Aussi souhaitons-nous insister, dans la lignée des différentes propositions du groupe UDI et indépendants, sur trois axes qui font écho à des valeurs défendues par notre groupe depuis toujours : raisonner et agir au plan européen ; décentraliser ; débureaucratiser et simplifier.

Sur la question spécifique des masques, nous partageons la position du groupe Les Républicains : il est absurde de subventionner une filière française de masques tout en continuant, dans le même temps, à acheter massivement des masques fabriqués dans les pays à bas coût. C'est de l'argent public dépensé en vain, qui sera inefficace sur le long terme. Sans nouvelles commandes publiques, les usines fermeront. Il faudrait donc réfléchir à l'adaptation de notre droit européen de la concurrence, afin de pouvoir favoriser les filières industrielles stratégiques, notamment dans la commande publique.

Éléments clés de notre souveraineté, les produits médicaux et paramédicaux doivent faire l'objet d'une attention toute particulière, afin que nous puissions disposer de capacités de production et de stocks – pas seulement de masques – en cas de crise, contrôlées par le Parlement. Nous estimons que celui-ci doit se doter d'une mission permanente d'évaluation de notre état de préparation aux crises sanitaires.

Nous convenons tous que le masque sanitaire est une source majeure de pollution. Il s'agit, de plus, d'un objet relativement complexe et vecteur de risque d'infection, dont le recyclage est difficile et nécessite une filière spécifique. Pour répondre à ce besoin, nous disposons d'entreprises de talent : alors utilisons-les !

Je souhaiterais élargir le sujet aux médicaments, dont un nombre grandissant fait l'objet de difficultés d'approvisionnement, en raison notamment de la délocalisation de leur production. La Ligue contre le cancer nous a récemment alertés sur ce phénomène. L'an dernier, l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a recensé près de 2 500 signalements de ruptures de stock, soit 1 000 de plus que l'année précédente. En 2010, il n'y en avait eu que 130. Nous soutenons la volonté du Gouvernement de relocaliser la production de médicaments mais force est de constater que les résultats ne sont pas encore là. Pour toutes ces raisons, et pour alerter une fois encore le Gouvernement sur la nécessaire préparation face aux crises, le groupe UDI et indépendants votera cette résolution.

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