J'observe que jamais, à l'occasion de l'examen d'un projet de loi, on a autant parlé des territoires d'outre-mer. Comme quoi, lorsqu'on veut on peut. J'observe aussi que l'intitulé du projet de loi évoque « la vigilance sanitaire ». La vigilance, selon moi, consiste à s'assurer que les mesures prises n'aggraveront pas la situation. Or, force est de constater que, sous ce régime d'état d'urgence, la vigilance a été battue en brèche. Pire, les décisions les plus erratiques et les plus irresponsables ont été prises et continuent de l'être. Où est la vigilance, lorsque des voyageurs, au prétexte qu'ils sont vaccinés, sont déjà autorisés, depuis le 4 octobre 2021, à se rendre en Martinique sans test PCR, ni au départ ni à l'arrivée, ni non plus pendant leur séjour ?
Ne serait-ce que par respect pour nos compatriotes décédés, vous auriez pu, vous auriez dû tirer les vrais enseignements de l'hécatombe que nous avons subie. Ainsi, pour se rendre aux États-Unis, à partir de novembre, les voyageurs au départ de l'Europe devront présenter un test PCR négatif, quand bien même ils seraient vaccinés. Autre exemple, plus près de nous, dans la Caraïbe : lorsqu'ils se rendent dans l'île de la Barbade, dépendante pourtant de l'activité touristique, les voyageurs sont testés à leur arrivée, isolés dans des hôtels en attente de leurs résultats.
La vigilance et l'anticipation étaient bien absentes lorsqu'on a décidé sciemment de ne pas appliquer le protocole de la Haute Autorité de santé, validé le 8 avril 2021, qui recommandait clairement l'orientation de chaque malade vers un médecin de ville pour une consultation, la fourniture gratuite d'oxymètres, enfin le relevé de saturation d'oxygène trois fois par jour au domicile. Ce protocole, je le répète, n'a jamais été appliqué. Dès lors, pourquoi vouloir culpabiliser les victimes aux Antilles-Guyane ? Il ne s'agit pas d'une épidémie de non-vaccinés qui y sévit mais d'une épidémie de personnes non protégées et non soignées.