Aujourd'hui, un an et sept mois après la première loi d'urgence, le Gouvernement propose de prolonger le cadre juridique de l'état d'urgence sanitaire, une onzième fois, et ce jusqu'au 31 juillet 2022. Je le demande clairement : qu'est ce qui justifie une telle prolongation d'un cadre qui se veut et que vous avez annoncé comme exceptionnel et temporaire ?
Aujourd'hui, contrairement au début de la crise, nous avons des masques en quantité suffisante ; aujourd'hui, contrairement au début de la crise, nous avons les vaccins pour ceux qui le souhaitent ; aujourd'hui, nous observons, à La Réunion, une baisse notable de la contamination, avec un taux d'incidence moyen de 46 pour 100 000 habitants sur la semaine glissante du 7 au 13 octobre.
Vous ne pouvez pas dire aux Français que, jusqu'à ce que la situation s'améliore, nous devons vivre avec le virus dans un régime d'exception, lorsque les indicateurs ne justifient plus nécessairement l'exception et la reconduction d'un tel régime. Que veut donc dire le mot « temporaire » lorsque vous le mentionnez ? Est-ce donc jusqu'à ce que l'exception devienne la norme ?
Si je peux me permettre une comparaison, toutes proportions gardées, les Réunionnaises et les Réunionnais ont raison d'être méfiants en ce qui concerne l'utilisation de ce mot « temporaire », parce que oui, alors que La Réunion faisait face à une augmentation des attaques de requins, le représentant de l'État a opté pour une solution aussi simple que radicale : restreindre temporairement l'accès à la baignade et aux activités nautiques. Depuis le 26 juillet 2013, la mer est « temporairement confinée ». Tous les ans, depuis 3 007 jours est reconduit un arrêté préfectoral qui restreint temporairement l'accès à la mer.
Pour en revenir à ce projet de loi que vous nous soumettez, devrions-nous comprendre que le Gouvernement dit aux Français de vivre avec le virus et qu'il se garde la possibilité de restreindre leurs libertés ? Emprisonner les Français par le potentiel recours à de telles mesures n'est pas acceptable.