Lorsque je me suis entretenu de l'ONF voilà deux semaines avec le ministre, je l'ai alerté sur les remontées qui me proviennent du terrain. J'ai souvent l'impression, en venant ici, que ces remontées sont complètement fictives, comme si, par un tour de magie, les difficultés que nous vivons parfois concrètement – que nous touchons du doigt – cessent d'exister dès que nous pénétrons dans cet hémicycle. Je vous avoue que les bras m'en tombent chaque fois. Par un coup de baguette magique, une forme de transformation s'opère et des problèmes pourtant bien réels – car je suis persuadé qu'ils le sont –, d'un seul coup, n'existent plus.
L'ONF a-t-il, oui ou non, subi 6 000 suppressions d'emplois depuis 1964, comme mon collègue Jumel le rappelle dans l'exposé sommaire de son amendement ? Les enjeux écologiques actuels ne sont-ils pas supérieurs à ceux qui se posaient à nous en 1964 ? Est-il faux d'affirmer que de nombreux postes d'agents titulaires de l'ONF sont remplacés par des personnes recrutées en CDD ? Ne peut-on pas concevoir, pourtant, que cette activité doit être exercée dans la durée pour que les agents prennent conscience des enjeux, développent une éthique et acquièrent des connaissances forestières, non pas dans l'optique d'une intervention immédiate, mais en vue d'une intervention à plus long terme ?
J'avance ces arguments avec l'impression, encore une fois, que cela ne servira pas à grand-chose. Je pense en tout cas que la réalité de la forêt et de l'ONF est bien différente du tableau que vous essayez de brosser avec beaucoup d'habileté.