Je souhaite tout d'abord adresser un message de gratitude à toutes celles et à tous ceux qui permettent, jour après jour, de faire avancer la condition animale dans notre pays, des simples citoyens et des ministres, des parlementaires et des élus locaux, des associations de protection animale et leurs fantastiques bénévoles, des vétérinaires et des journalistes, des juristes et des intellectuels, des artistes et des sportifs, et j'en oublie. Je tiens plus particulièrement à remercier chaleureusement et avec beaucoup de sincérité l'ensemble des parties prenantes à cette proposition de loi, en particulier le président du groupe La République en marche Christophe Castaner et ses équipes, bien sûr mes deux corapporteurs du texte initial, Laëtitia Romeiro Dias et Dimitri Houbron ainsi que leurs collaborateurs, et la responsable de texte pour le groupe majoritaire, Aurore Bergé. Merci aussi à vous tous, sur tous les bancs, qui avez voté à la quasi-unanimité ce texte en première lecture. Merci encore aux administrateurs de l'Assemblée nationale d'avoir accompli un travail remarquable en un temps record. Merci enfin aux sénatrices Anne Chain-Larché, rapporteure au Sénat de la proposition de loi et à l'ensemble de son équipe ainsi qu'à Sophie Primas, présidente de la commission des affaires économiques et vice-présidente de cette commission mixte paritaire (CMP), avec lesquelles nous avons trouvé, en responsabilité, un accord d'avenir pour nos animaux, sans rien céder à l'essentiel et en enrichissant même significativement le texte. Je remercie par avance l'ensemble des sénateurs qui voteront ce texte le 18 novembre, soit dans deux jours.
L'animal de compagnie partage notre quotidien, et il est parfois la dernière présence accompagnant nos aînés en fin de vie. L'animal de production nous nourrit. L'animal d'expérimentation permet le développement de médicaments efficaces pour nous soigner, on l'a vu encore récemment. L'animal sauvage participe étroitement aux équilibres indispensables de nos écosystèmes. Pour tous ces services qu'ils nous rendent, nous leur devons à tous respect et humanité.
Avec ce texte, nous avons prouvé que l'attention portée aux conditions de vie des animaux était une cause digne d'un débat sérieux au Parlement. On mesure ainsi le chemin parcouru depuis Descartes et sa conception d'un animal dénué de toute sensibilité. Par cette loi, nous allons rattraper notre retard sur le Royaume-Uni, la Suisse, l'Autriche, l'Italie, la Wallonie, l'Angleterre ou encore l'Allemagne, pays voisins dans lesquels les législations relatives au bien-être animal étaient jusqu'ici plus développées.
Le texte que vous allez voter contient en effet d'immenses avancées saluées par la quasi-unanimité des défenseurs des animaux, comme par exemple le certificat de sensibilisation pour tout nouvel acquéreur d'un animal de compagnie ou d'un équidé ; l'interdiction de la vente de chiens et de chats en animalerie en 2024 ; l'encadrement très strict de la vente sur internet ; le renforcement des sanctions pénales en cas de maltraitance – tuer volontairement un animal de compagnie, acte passible d'une simple contravention, va enfin devenir un délit ; la création d'un stage de sensibilisation pour les personnes condamnées pour maltraitance envers les animaux ; l'ajout des personnes condamnées à une interdiction de détention d'un animal au fichier des personnes recherchées ; la fin des animaux sauvages en itinérance dans les cirques d'ici à sept ans ; la fin des spectacles de cétacés et l'interdiction de leur détention en captivité d'ici à cinq ans – sauf en cas de programme de recherche agréé par l'État ; l'interdiction immédiate, enfin, de tout élevage de visons d'Amérique et de toute autre espèce d'animaux non domestiques exclusivement élevés pour la production de fourrure.
Chers collègues, vous allez voter une loi rassembleuse et ambitieuse, un texte qui, sans céder à la sensiblerie, sans déifier l'animal, va toutefois améliorer très significativement ses conditions de vie. La condition animale n'est ni une lubie d'urbains en mal de nature ni une mode passagère mais un sujet auquel un nombre croissant de Français sont sensibles et qui, dorénavant, est irréversiblement politique.
Au cours de la présente législature nous avons su, sur tous les bancs, nous saisir de ce sujet et engager une dynamique vertueuse et féconde en matière de protection animale. Parmi les textes historiques qui ont eu pour projet d'améliorer la prise en compte des animaux, il faut noter la loi Grammont de 1850, puis le décret Michelet de 1959 et les lois de 1963, de 1976, de 1999, de 2004 et de 2015. À cette liste il faudra désormais ajouter la loi de novembre ou décembre 2021 visant à lutter contre la maltraitance animale et conforter le lien entre les animaux et les hommes.
La crise sanitaire que nous traversons nous a rappelé à quel point nous sommes liés biologiquement aux différentes espèces animales qui nous entourent, sauvages ou domestiques, et à quel point l'ignorer peut nous entraîner dans le chaos. Au fond, cette crise nous invite à repenser notre rapport aux autres êtres vivants, animaux et végétaux, et à développer des politiques publiques transversales qui prennent en compte notre santé, intimement liée à celle des animaux et à l'environnement. Sans faire des animaux des citoyens, ce qu'ils ne sont assurément pas, la manière dont nous les traitons engage directement notre dignité, notre humanité mais aussi, ne l'oublions jamais, notre propre santé. Viendra inéluctablement le jour où, dans cet hémicycle, nous saurons débattre de questions délicates, comme certaines pratiques de chasse, comme la corrida, comme certaines pratiques d'élevage, pour imaginer, sans doute, un statut juridique pour certains animaux.
D'ici là, je vous invite, chers collègues, à voter ce texte transpartisan qui honore notre Parlement.