Je commencerai mon propos en évoquant une expérience personnelle : celle du zoo. Jusqu'à l'été dernier, je n'étais jamais allé dans un parc zoologique. Nos travaux en première lecture ont suscité ma curiosité : ils m'ont poussé à visiter le parc de Beauval – bien connu de notre collègue Nicolas Forissier. Ce fut l'occasion d'échanger avec Rodolphe Delord, le président du zoo, et de comprendre comment ce dernier et ses équipes travaillent à la préservation des espèces, voire à la réintroduction de certaines d'entre elles dans des réserves naturelles. J'ai discuté avec des amoureux des animaux, des amoureux de la vie tout simplement. Ne leur jetez pas la pierre sans avoir échangé avec eux au préalable.
Le sujet que nous abordons n'est pas manichéen. Le bien-être animal interpelle de plus en plus de Français et pourtant, chaque année, 100 000 animaux sont abandonnés – rien que l'été dernier, 16 000 l'ont été, un triste record. La défense des droits des animaux occupe une place de plus en plus importante parmi les causes chères aux yeux de nos concitoyens. Il est donc naturel que la législation évolue. La préoccupation grandissante des Français en faveur du bien-être animal tranche avec la perpétuation des violences envers les bêtes : comment répondre aux attentes de nos concitoyens sans agir, en pratique, pour empêcher les conduites cruelles et condamner fermement les auteurs des violences ? Nous ne sommes pas les seuls êtres capables de sensibilité, de subjectivité et de bien-être. C'est pourquoi nous devons opérer une véritable sensibilisation autour du bien-être animal, car nous avons la responsabilité de protéger le vivant et de concrétiser par des lois tous les moyens permettant de respecter les animaux et de veiller sur eux. Il est nécessaire de reconnaître la notion de souffrance, sans laquelle il nous serait impossible de faire avancer nos travaux.
Au travers des mutations territoriales et de l'évolution des connaissances scientifiques, les attentes des citoyens vis-à-vis de la maltraitance animale se sont faites de plus en plus grandes. Cela nous a obligés à reconsidérer notre rapport à l'animal, et à réintégrer la dimension affective qui existe entre lui et l'homme. Refuser la souffrance infligée aux bêtes n'est plus un parti pris mais une évidence. Non, les animaux n'ont plus à être considérés comme des automates de chair ou des jouets. Ils sont doués de sensibilité et d'affection. Il faut malgré tout se débarrasser du caractère subjectif des relations que nous établissons avec eux et garder à l'esprit que l'animal n'est pas une personne humaine. Notre intelligence s'établit dans le fait que nous soyons capables, nous, êtres humains, de reconnaître toute forme de sensibilité et d'affection chez nos compères mammifères sans tomber dans la personnification de l'animal.
Il est encourageant de constater que l'Assemblée nationale et le Sénat aient pu trouver un consensus sur un texte contre la maltraitance animale. Cet accord permettra l'instauration de nouvelles mesures pour mettre fin à l'utilisation d'animaux sauvages à des fins commerciales, encadrer la détention d'animaux domestiques ou encore interdire les élevages de visons pour la production de fourrure. Il fallait mieux lutter contre les achats compulsifs qui se concluent par des abandons de chats et de chiens chaque année ; c'est désormais engagé, grâce à l'interdiction de leur vente en animalerie. L'animal n'est pas un objet de consommation et mérite d'avoir des propriétaires engagés et impliqués dans un rôle qui ne va pas sans d'importantes responsabilités. Nous devons fermer la porte à l'abandon sans renier le travail quotidien que fournissent les employés des animaleries et des jardineries.
À force de travail et d'échanges, le texte aboutit à l'interdiction de l'exploitation des animaux non domestiques dans les établissements itinérants. Nous pouvons comprendre que des mesures devaient être prises en faveur du bien-être de la faune sauvage ; mais pas sans l'engagement et le soutien de l'État pour accompagner les filières concernées par cette transition. Les éleveurs, les dresseurs et les exploitants de cirques se sont inquiétés, à juste titre, des nouvelles mesures. Ces professionnels – souvent issus de générations qui se succèdent – ne doivent pas être stigmatisés. Sur la forme, nous n'aurions pas fait comme vous : dès le début de la rédaction du texte, il fallait associer les professionnels. Il faut donner l'opportunité aux professionnels concernés de s'adapter aux changements et ne pas imposer de manière brutale une interdiction sans discussion préalable. Des refuges et des sanctuaires pour animaux sauvages captifs se devaient d'être pensés par la loi dans le respect des professions et des savoirs de chacun.
La proposition de loi comporte de nombreuses mesures qui favorisent la protection des animaux, aussi bien domestiques que sauvages. Elle est le fruit d'un compromis, le résultat d'un travail commun entre les deux chambres. Il s'agit d'une avancée dans la lutte contre les violences faites aux animaux, mais n'oublions pas les filières touchées par ces changements qui méritent, plus que jamais, un accompagnement fort de la part de l'État. Le Groupe Les Républicains votera dans sa majorité en faveur du texte.