En tant que professeur d'histoire, je souhaite bien évidemment que l'histoire soit enseignée aux enfants. Mais si Mme Ménard s'adresse à des élèves de CM2 pour leur demander ce qu'ils pensent de la guerre d'Algérie, elle ne doit pas s'étonner du résultat ! Cette période n'est en effet abordée que devant les classes de troisième et de terminale. L'exemple qu'elle donne n'illustre donc pas un effacement de l'histoire tragique des harkis, mais seulement le fait que pour des raisons pédagogiques compréhensibles, la guerre d'Algérie ne figure pas au programme des classes de CM2. Si vous étiez en responsabilité, madame Ménard, peut-être demanderiez-vous à ce qu'elle le soit, mais je vous suggère de commencer par des choses un peu plus simples.
Donc oui, on enseigne la guerre d'Algérie aux élèves ! Mais je partage votre avis, madame Ménard : la question harki pourrait être abordée dans le cadre de l'enseignement de cette période historique, d'autant que, même s'ils sont élaborés par des éditeurs privés, les manuels scolaires dépendant aussi du programme défini par l'éducation nationale.
De toute façon, nous n'épuiserions pas le sujet en inscrivant dans la loi l'obligation d'enseigner l'histoire douloureuse des harkis, car l'enseignement de la guerre d'Algérie lui-même demeure un sujet de discussion. Vous avez critiqué Benjamin Stora, qui, de mon point de vue, est l'un plus grands historiens français spécialisés sur ce sujet. Pourtant, dans ses discours, le maire de Béziers – que vous connaissez bien – ne cesse d'insulter Benjamin Stora et l'ensemble des historiens. En réalité, vous ne souhaitez pas que l'on parle de la guerre d'Algérie, vous voulez promouvoir un certain discours sur la question, selon lequel – je reprends les mots du maire de Béziers – ceux qui défendaient l'indépendance de l'Algérie le faisaient parce qu'ils n'aimaient pas la France – c'était aussi le point de vue des ultras qui, en Algérie, empêchaient toute tentative de parvenir à un accord.