Intervention de Françoise Dumas

Séance en hémicycle du jeudi 18 novembre 2021 à 15h00
Reconnaissance et réparation des préjudices subis par les harkis — Après l'article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançoise Dumas, présidente de la commission de la défense nationale et des forces armées :

Il me paraît important de recontextualiser cette question. Lors des débats sur la loi portant reconnaissance du 19 mars comme journée nationale du souvenir de la guerre d'Algérie, la rapporteure du texte, Marie-Hélène Aubert, avait insisté sur le fait que la date du 19 mars n'était pas appréhendée de la même manière selon qu'on soit harki, appelé du contingent ou rapatrié.

Pour les appelés, elle signifiait évidemment la fin des combats et le retour en métropole auprès des familles ; pour les rapatriés, dans l'obligation de quitter leur terre natale et leurs racines, le 19 mars ouvrait une période de déchirements ; pour nombre de harkis enfin, tragiquement abandonnés par un État qu'ils avaient pourtant loyalement servi, c'était tout simplement le début des massacres.

Cela étant, le 19 mars marque bien la fin de la guerre d'Algérie. Nous devons avoir conscience que cette guerre est définitivement finie et, plutôt que de continuer à opposer les mémoires entre elles, nous devons nous acheminer vers une date commune. Parce que, quelle que soit la façon dont a été vécue cette guerre, elle a été tragique pour tout le monde – Alexis Corbière le disait, d'une manière ou d'une autre, nous sommes tous concernés, à travers nos familles, un oncle ou un père dont les traumatismes ont rejailli sur tout l'entourage.

Il faut donc que nous parvenions à choisir une date qui satisfasse tout le monde. À cet égard, j'appelle votre attention sur le cas d'autres conflits tout aussi dramatiques : le 11 novembre, qui célèbre l'armistice, n'a pas signifié la fin des combats de la Première Guerre mondiale, pas plus que le 8 mai 1945, après lequel le conflit s'est poursuivi, avec, quatre mois plus tard notamment, Hiroshima et Nagasaki.

La date retenue doit donc simplement être appréhendée comme la fin de quelque chose et le début d'un processus inverse de retour vers la paix. Dans cette optique, nous devons œuvrer, avec raison, à retrouver l'apaisement et la concorde, dans le respect des différentes mémoires, de tous ceux qui ont souffert et des générations suivantes qui ont, à leur tour, porté cette souffrance. Essayons donc de tous avancer dans la même direction.

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