Il vise à ajouter « indignes » après le mot « conditions » dans le titre du texte. L'accueil des harkis était un devoir pour la France, afin d'exprimer notre reconnaissance et notre respect pour le sacrifice qu'ils ont consenti pour notre pays. Pourtant, au lieu de les recevoir avec dignité, c'est tout l'inverse qui s'est produit : 21 000 harkis et leurs familles ont été accueillis dans des camps en 1962, 15 000 en 1963, 5 000 en 1964 et 1965, soit 41 000 en tout. Mis au ban de notre société, parqués selon leur utilité, leur sexe et leur condition, délaissés, ils furent laissés-pour-compte alors qu'ils étaient sur notre sol parce qu'ils avaient choisi la France plutôt que leur pays naissant. Inscrire dès le titre du texte que les conditions d'accueil des harkis sur notre territoire ont été indignes n'est donc en rien superfétatoire.
Autre chose : tous ceux qui, toute la journée, ont manifesté devant l'Assemblée nationale, sous un drapeau tricolore, ont tressailli à chaque fois qu'ils ont entendu prononcer le mot « supplétifs » dans l'hémicycle. Ce terme est peut-être exact sur le plan technique mais, moralement, il est si dévalorisant et humiliant qu'il en est insupportable. Quelle déception pour tous ceux qui attendaient que la notion de citoyen français soit inscrite noir sur blanc dans ce texte, ce qui n'est hélas pas le cas !