Intervention de Yannick Favennec-Bécot

Séance en hémicycle du jeudi 2 décembre 2021 à 15h00
Plan d'accompagnement du phénomène de vieillissement accéléré de la martinique — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaYannick Favennec-Bécot :

Avant toute chose, le groupe UDI et indépendants tient à faire part de son inquiétude quant à la situation aux Antilles. Parce que nous sommes particulièrement attachés à la liberté des collectivités locales et notamment de celles d'outre-mer, nous pensons que la voie à emprunter est évidemment celle du dialogue et de l'écoute.

Nous ne pouvons qu'être alarmés face au constat dressé par la présente proposition de résolution. En quelques décennies, la Martinique, qui était l'un des territoires les plus jeunes du pays, risque d'en devenir le plus vieux. Les raisons de ce vieillissement soudain de la population sont sans doute multiples, et les difficultés que connaissent les Martiniquais au quotidien les amènent souvent à quitter leur territoire en quête d'une meilleure qualité de vie. Nous partageons le diagnostic posé par le texte qui, me semble-t-il, repose sur deux axes principaux : il vise d'abord à assurer l'émergence d'un écosystème favorable au retour des cerveaux martiniquais sur leur terre natale, et ensuite à accompagner l'autonomie des seniors martiniquais.

S'agissant de l'autonomie, nous convenons qu'il s'agit d'un point noir du présent quinquennat. La création de la cinquième branche de la sécurité sociale n'aura pas permis d'entreprendre le virage domiciliaire ni d'améliorer le taux d'encadrement dans les EHPAD. Notons que le plan pour l'autonomie des personnes âgées, dévoilé par le Premier ministre au mois de septembre dernier, prévoit le recrutement de 10 000 agents supplémentaires dans les EHPAD d'ici cinq ans, là où le rapport Libault sur la concertation « Grand âge et autonomie » recommandait le recrutement de 80 000 personnes. Autrement dit, au rythme actuel, nous ne parviendrons pas à assurer un encadrement correct dans nos EHPAD avant 2066 ! Le compte n'y est pas : le Gouvernement ne sera pas parvenu à placer notre pays dans une trajectoire nous permettant de relever ce défi pour nos aînés.

S'agissant des déserts médicaux, la situation martiniquaise semble bien pire que celle de la plupart des départements hexagonaux ; à ce sujet, nous partageons totalement le constat dressé par le texte. Trop longtemps, nous avons placé la liberté d'installation du médecin au-dessus de l'exigence d'accès aux soins. Pourtant, entre 6 et 8 millions de nos concitoyens n'ont pas accès à un médecin – nous en avons longuement discuté au cours de la matinée. Finalement, certains territoires, dont la Martinique, pâtissent d'un réel abandon de l'État.

Il y aurait ainsi des endroits où l'on accéderait aux soins, à la culture, aux services publics, aux emplois les mieux rémunérés, à des offres de formation, à l'enseignement supérieur, et il y aurait tous les autres, au sein desquels l'État disparaîtrait à vitesse grand V : on ne pourrait alors y compter que sur la famille, quand elle est présente ; l'espérance de vie y serait plus faible, l'ascenseur social en panne, le médecin en retraite, le commerce du village fermé et le patrimoine en ruine. Il faut agir, et vite, avant que la rupture ne soit consommée entre les territoires qui vivent et ceux qui survivent.

S'il est un point sur lequel notre groupe s'interroge, c'est sans doute en ce qui concerne l'article 1er , qui vise à créer une agence de l'autonomie associant l'État et la collectivité territoriale de Martinique. Notre pays compte déjà plus de 1 200 agences, très coûteuses pour les finances publiques, alors que leur efficacité n'est pas réellement démontrée. Si nous sommes conscients des particularités locales existantes, nous nous opposons traditionnellement à la création de toute agence nouvelle, car notre pays meurt de sa bureaucratie. Nous considérons qu'il faut se départir de ce réflexe bien français consistant à identifier un problème et à créer une commission, une agence, une autorité, une institution, une chambre – et j'en passe – chargées de le résoudre.

Nous sommes par ailleurs tout à fait favorables au retour des cerveaux martiniquais sur leur territoire natal par la création de dispositifs incitatifs. Le territoire martiniquais ne peut se développer si sa jeunesse n'y œuvre pas, et je pense très sincèrement que les jeunes Martiniquais ne demandent qu'à y travailler.

Enfin, notre groupe est très favorable au renforcement du service militaire adapté (SMA) ; le Gouvernement lui-même y a d'ailleurs œuvré, encore cette année au sein de la mission "Outre-mer " du PLF pour 2022, notamment pour la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie française. Ce dispositif spécifique, consacré aux outre-mer, a démontré son efficacité en matière d'insertion dans l'emploi, et les taux de réussite de ceux qui en bénéficient sont – il faut le dire – très encourageants.

En conclusion, le groupe UDI et indépendants soutiendra la proposition de résolution ; elle expose un problème fondamental pour la Martinique, auquel la représentation nationale doit apporter une réponse efficace et concrète.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.