Ainsi, comme l'a souligné le site letudiant.fr dans un récent article, pour bien s'en sortir sur Parcoursup, il vaut mieux être un élève de filière générale avec de bonnes notes ! Il est évidemment important d'encourager les élèves à avoir les meilleurs résultats possibles qui leur ouvriront ensuite le plus de portes possibles, mais il est tout aussi important de permettre à chacun de trouver sa voie et de tenter de mener la vie qu'il entend, quels que soient ses moyens et son milieu social.
Bien que mon propos liminaire soit assez critique, je pense qu'il faut reconnaître, comme la Cour des comptes, que Parcoursup a fait suite au système admission postbac, très décrié en raison notamment de l'emploi du tirage au sort, et qu'il a permis, au moins dans un premier temps, de remettre de l'ordre mais aussi de donner des résultats satisfaisants pour une bonne partie des candidats.
Pour en venir au cœur de la proposition de loi, notons que la première mesure que vous proposez reprend une recommandation de la Cour des comptes dans le rapport susmentionné puisqu'elle prévoit l'anonymisation du lycée d'origine de l'élève. Vous ne reprenez pas pour autant pas la seconde partie de la recommandation de la Cour qui prévoit en contrepartie que soit aussi pris en compte l'écart entre les résultats aux épreuves du bac et la notation au contrôle continu. Si je comprends que cette dernière disposition relèverait plus de l'ordre du réglementaire, comme vous l'avez indiqué en commission, elle semble pourtant nécessaire pour garantir un certain équilibre à la mesure d'anonymisation.
Je souscris à votre demande d'une transparence accrue dans les critères retenus et pour les spécialités favorisées par les établissements – bien que l'on puisse ici aussi s'interroger sur la nécessité d'inscrire ces éléments dans la loi. Ce point soulève en tout cas la véritable iniquité qui se cache derrière Parcoursup, celle de l'inégal accès à l'information en fonction de l'établissement scolaire et de la qualité de l'accompagnement en matière d'orientation. Je rejoins, à cet égard, la réflexion qu'avait faite ma collègue Agnès Thill dans le cadre de sa mission flash menée avec Bertrand Bouyx sur les spécialités de la classe terminale : la disparition du groupe classe pose de nombreux problèmes, et le manque de psychologues au sein de l'éducation nationale, éléments clés de l'orientation des élèves, se fait aussi terriblement sentir. L'orientation est pourtant déterminante pour garantir une meilleure égalité des chances pour chaque jeune ; elle est aussi un point essentiel pour bien accompagner, dès le plus jeune âge, les envies diverses de nos enfants, et lutter ainsi contre certains préjugés qui conduisent à orienter les filles et les garçons vers des domaines qui leur seraient spécifiques.
Enfin, à l'heure où l'on parle beaucoup de réindustrialisation, nous ne devons pas considérer les filières techniques comme des filières qui devraient être moins valorisées ou moins bien traitées, tant elles constituent une manne de travailleurs qualifiés importante.
Aussi, si le groupe UDI et indépendants souscrit aux ambitions du texte, il lui semble que les cartes sont surtout entre les mains du ministère de l'éducation nationale et que nous tournons autour du vrai problème que constitue l'orientation dans le secondaire. C'est la raison pour laquelle notre groupe s'abstiendra sur cette proposition de loi.