Selon l'INSEE, notre pays pourrait compter 4 millions de personnes de plus de 60 ans en perte d'autonomie en 2050. Les demandes d'accompagnement à domicile ne cessent d'augmenter et le secteur connaît de graves difficultés, vous le savez. Les aides à domicile font partie de cette première ligne qui s'est trouvée au front tout au long de la crise sanitaire, y compris lors des différents confinements. Ils n'ont pas ménagé leurs efforts et cela a rappelé avec force l'importance de la prise en charge à domicile des personnes en perte d'autonomie ou atteintes de maladies chroniques.
Si la crise a aggravé les conditions de travail des professionnels de l'aide à domicile en milieu rural (ADMR), les difficultés qu'ils rencontrent sont structurelles. Alors qu'il constitue une priorité pour les familles, le maintien à domicile des personnes en situation de dépendance s'avère de plus en plus difficile, en raison d'un manque de personnels. Certains soins, pourtant de première nécessité, ne peuvent être effectués ; en effet, les intervenants de l'ADMR ne sont pas habilités à réaliser des soins tandis que les infirmiers libéraux et les SSIAD – services de soins infirmiers à domicile – souffrent d'un manque d'effectifs, ce qui compromet le maintien à domicile.
À ces difficultés s'ajoutent celles, bien connues, liées au manque de reconnaissance statutaire et financière ainsi qu'à la lourdeur croissante des tâches administratives et des activités de gestion. Les aides à domicile, dont plus de 90 % sont des femmes, exercent un métier physiquement exigeant. Les accidents du travail sont nombreux, parmi lesquels lumbagos, troubles musculo-squelettiques ou encore problèmes psycho-sociaux.
Sur le plan financier, le compte n'y est pas non plus. Les rémunérations débutent au SMIC, les temps partiels subis sont très fréquents et les horaires de travail sont atypiques, puisque la norme est de travailler le soir ou le week-end ; le temps de travail est fortement fragmenté et les journées, dont l'amplitude est grande, comptent souvent des interruptions de plusieurs heures. Les indemnités kilométriques ne sont pas non plus à la hauteur, notamment dans les territoires ruraux où les distances à parcourir sont décuplées et où les aides à domicile doivent utiliser leur propre véhicule.
La profession a clairement le sentiment d'être abandonnée, d'être réglementée par un « sous-droit du travail » et d'être confrontée à l'indifférence des pouvoirs publics, donc d'être en fait le parent pauvre des politiques de santé publique. Les recrutements deviennent de plus en plus difficiles et une pénurie se fait même jour dans certains territoires.
Au-delà des retours qui remontent du terrain, des études démontrent ces difficultés et relèvent également que certains SSIAD situés en zones rurales ne voient pas augmenter leurs effectifs alors que le vieillissement de la population et l'évolution démographique font accroître la demande.
Monsieur le secrétaire d'État, vous vous devez de répondre aux problèmes liés à l'autonomie, à la dépendance et à la fin de vie dans notre pays et d'entendre les difficultés éprouvées par les aides à domicile, qui sont – je l'ai dit – accrues en zones rurales. Il y va du maintien à domicile des personnes en perte d'autonomie ou atteintes de maladies chroniques. Alors, que pouvez-vous leur proposer ?