Je reprends ici une proposition de la Fondation Abbé Pierre, qui s'inquiète qu'une multiplication des publics dits prioritaires vide complètement la notion de son sens. Veillons à ce que la multiplication des publics prioritaires ne rende pas le système illisible, sous peine de ne plus savoir quel public doit l'être par rapport à tel autre.
Vu le contexte du covid, je vois bien l'intérêt qu'il y a à cibler, nouveau critère d'attribution, les « travailleurs des secteurs essentiels » ; mais, outre que ce critère est tout de même très flou, j'en reviens à ce que je disais : obligeons déjà les préfets à utiliser leur contingent pour loger les fonctionnaires concernés. Et puis, s'agissant des métiers essentiels, on a beaucoup évoqué, dès le début de la crise du covid, les caissières de supermarché – l'une d'entre elles est décédée dans ma circonscription dès la première vague, faute, alors, de protection. De grands groupes de distribution préfèrent utiliser leurs versements au titre du 1 % logement pour attirer des cadres, auxquels ils consentent des prêts à taux zéro pour faciliter leur accès à la propriété, plutôt que de mobiliser ces sommes pour leurs caissières qui, elles, ont besoin de se loger dans le parc social, les renvoyant ainsi vers les contingents municipaux et préfectoraux. Il y a là une anomalie totale ! Rétablissons le 1 % logement dans sa raison d'être, c'est-à-dire un dispositif d'aide au logement des salariés, notamment de ceux qui en ont le plus besoin, et veillons à ce qu'il ne soit pas détourné comme il l'est parfois par de grands groupes, et pas seulement de la grande distribution.