À environ trois mois de l'élection présidentielle, la recherche des parrainages par les candidats bat son plein. Depuis la loi d'avril 2016, les noms des élus qui parrainent un candidat sont rendus publics de façon systématique. Cette publicité constitue un véritable problème pour notre démocratie, voire un danger.
Depuis l'application effective de cette nouvelle loi, les maires sont beaucoup plus réticents à présenter un candidat à la plus haute fonction. Pourquoi ? Même si personne n'osera l'affirmer franchement, nous savons pertinemment que c'est par peur de ce qu'on peut qualifier légitimement, même si le mot semble fort, de représailles. Les subventions sont souvent vitales pour la bonne marche d'une commune. Le maire d'un petit village y réfléchira donc à deux fois avant de donner sa signature, et par là même de jeter son nom en pâture, à un candidat qui n'est pas du même bord que celui des présidents des collectivités dont il dépend. Évidemment, rien n'est écrit, rien n'est dit, mais cela existe, cela peut exister, et le doute qui s'installe dans les esprits est déjà de trop. Oui, les prises de position politiques peuvent se payer cher.
En vertu de cette sacro-sainte transparence, va-t-on empêcher certains candidats de se présenter au suffrage des Français alors qu'ils représentent un courant de pensée ? Le risque est réel, et si d'aventure certains candidats ne pouvaient pas se présenter à l'élection présidentielle par manque de parrainages, imaginez un instant les conséquences que cela aurait dans l'opinion française. Quel discrédit sur l'élection tout entière !
Notre démocratie comme notre peuple sont assez matures pour permettre à chacun de faire son choix le jour venu. Encore faut-il que toutes les opinions puissent être représentées, et les parrainages d'élus locaux, redevenus anonymes, continueront de remplir leur rôle et d'empêcher la candidature d'un farfelu ou d'un extrémiste dangereux. Madame la ministre déléguée, je m'adresse à vous puisque le ministre de l'intérieur n'est pas là : seriez-vous prête à modifier la loi organique en vue de supprimer la publicité des parrainages à l'élection présidentielle ? Il suffit d'engager une procédure accélérée et de supprimer l'article 3 de la loi organique de 2016.