La Réunion et ma circonscription sont sujets depuis quelques années à des excès de violences insupportables. Si la ville de Saint-André, avec son nouveau commissariat de police et un dispositif de proximité, a su faire baisser les actes de violence, un climat inquiétant règne à Saint-Benoît, autre ville de ma circonscription. Le 3 novembre dernier, nous avons assisté à de grandes violences entre jeunes, au moyen d'armes à feu, d'armes blanches et de rochers de diverses tailles. Des gendarmes ont également été pris à partie par une quinzaine d'individus. Cet acte de violence gratuit a occasionné de nombreuses dégradations de biens.
Une personne âgée agressée, une femme à qui on a volé son sac à l'arraché, un enfant à qui on a subtilisé son téléphone ou même ses vêtements, des vols dans les habitations…, voilà le quotidien dans certains quartiers et trop de gens vivent dans un climat non apaisé. Des actes de violences ont également eu lieu le jour d'Halloween : jets de pierres, poubelles brûlées, pompiers menacés.
Les conseils locaux de sécurité et de prévention de la délinquance (CLSPD) et les groupes locaux de traitement de la délinquance (GLTD) mis en place dernièrement à Saint-Benoît ne peuvent à eux seuls répondre à cette problématique. Il faut amplifier la politique sociale et la présence d'acteurs sur le territoire. Une politique de développement territorial créatrice d'emplois, d'activités associatives, culturelles et sportives est nécessaire.
Avec la région Réunion, je travaille à une orientation pour un rééquilibrage de la microrégion Est, le territoire qui a accumulé trop de retards. Parallèlement, l'État doit créer les conditions pour une protection optimale de la population – et c'est ma question, madame la ministre déléguée. La délinquance chez nous est notamment due à l'arrivée de nouvelles drogues, au mimétisme des jeunes qui cherchent à vouloir ressembler à d'autres et aux différences culturelles de certains groupes d'individus ne s'adaptant pas à l'île.
Ne pas freiner cette attitude maintenant, c'est avoir plus de difficultés à le faire par la suite. Gendarmes et policiers ont les compétences APJ 20, c'est-à-dire qu'ils sont agents de police judiciaire selon l'article 20 du code de procédure pénale, mais seuls les policiers possèdent des brigades anticriminalité et des compagnies d'intervention spécialisées dans le maintien de l'ordre. Pourquoi la loi d'orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure, dite loi LOPPSI 2, votée il y a plus de dix ans, n'est-elle pas appliquée à La Réunion et à Saint-Benoît ? Cette loi dispose que les communes de plus de 10 000 habitants peuvent bénéficier de commissariats de police, dans l'Hexagone comme en outre-mer. Huit communes de La Réunion – dont Saint-Benoît, qui compte 31 000 habitants – ne sont pas en zone police. Cela permettrait en outre de créer des emplois et de voir le retour de policiers réunionnais de l'Hexagone qui demandent leur mutation dans leur île.