Intervention de Stéphanie Kerbarh

Séance en hémicycle du mardi 18 janvier 2022 à 15h00
Contrôle parental de l'accès à internet — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaStéphanie Kerbarh :

Nos enfants sont nés avec internet. Ils apprennent vite et s'adaptent aisément à ses évolutions rapides – très certainement plus vite que nous, et indubitablement plus vite que la législation.

Internet constitue sans aucun doute une source impressionnante d'opportunités, que ce soit sur les plans éducatif, culturel ou même celui des relations sociales. Il comporte aussi des risques et des dangers dont il faut nous prémunir.

Parce que les mineurs sont des usagers de plus en plus nombreux, leur exposition à des contenus dangereux, violents ou inappropriés doit nous préoccuper. Ils sont en effet de plus en plus jeunes à utiliser des équipements numériques de plus en plus sophistiqués : 9 ans pour l'utilisation du premier smartphone, 6 ans pour la première tablette.

Dès lors, ils tombent inévitablement de plus en plus jeunes sur des contenus violents ou pornographiques. Or ils y accèdent seuls, sans aucun recul sur ce que ces contenus peuvent bien signifier. À un âge où ils se construisent émotionnellement, où ils développent leur rapport à leur corps et à la sexualité, ils se retrouvent confrontés de manière brutale et violente à des images qui risquent de les choquer, de marquer et façonner pour longtemps leur esprit, leurs relations, leurs représentations mentales de la sexualité ou des femmes.

Malheureusement, dans la lutte contre l'exposition précoce aux contenus pornographiques, reconnaissons que nous sommes actuellement dans une impasse. Depuis 2020, la loi prévoit que si les sites pornographiques ne mettent pas en place de dispositifs de vérification d'âge efficaces, ils s'exposent à un blocage par les fournisseurs d'accès à internet. Il ne suffit donc pas que le visiteur se contente de cocher une case pour attester de sa majorité, mais la loi n'explique pas comment faire autrement pour vérifier l'âge des utilisateurs.

La présente proposition de loi préconise l'outil du contrôle parental. Nous ne pouvons que souscrire à l'objectif de faciliter son utilisation, car l'expérience nous prouve qu'il est utile pour compléter la vigilance des parents. Cependant, l'expérience nous prouve aussi que les parents sont souvent dépassés par l'utilisation du contrôle parental. Reconnaissons que la prise en main ne va pas toujours de soi. Il faut donc qu'une information claire soit systématiquement proposée à chaque achat d'équipement.

Nous approuvons les amendements adoptés en commission, visant à étendre les nouvelles obligations aux produits reconditionnés qui rencontrent de plus en plus les faveurs des consommateurs – en tant que rapporteure de la loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l'économie circulaire, je ne peux que m'en réjouir. De même, nous approuvons les amendements qui visent à assurer la gratuité des outils de contrôle parental.

Nous sommes tous d'accord pour reconnaître que l'utilisation du contrôle parental ne peut être qu'une mesure parmi d'autres.

En effet, certains enfants savent comment contourner ou lever les filtres, et certains usages sur les réseaux sociaux peuvent échapper à ces derniers. Le contrôle parental ne doit pas se substituer à la vigilance des parents. En revanche, il doit être utilisé comme un outil de dialogue. L'objectif est bien de sécuriser une navigation autonome des enfants sur internet, basée sur une relation de confiance avec leurs parents, non d'en faire un outil invasif de surveillance.

Cela implique, en tout premier lieu, d'appréhender différemment les usages des mineurs selon leur âge. Les enjeux et les risques ne sont pas les mêmes à 6 ans qu'à 16 ans. Ainsi, la sensibilisation des parents et l'éducation des enfants doivent demeurer une priorité, la priorité, d'autant qu'il existe d'autres risques que l'exposition aux contenus violents ou pornographiques. C'est le cas de la collecte massive de données personnelles, très importante sur les réseaux sociaux ou les plateformes de jeux en ligne. C'est le cas aussi de la surexposition aux écrans avec tout ce que cela implique en matière de concentration, d'apprentissage, de mémorisation et de relations sociales. Je suis persuadée que la protection des enfants sur internet est, avant toute chose, une question de prise de conscience. Il nous faut d'abord connaître les dangers, apprendre à en discuter pour comprendre comment s'en prémunir.

Parce qu'il nous faut trouver un équilibre entre l'autonomie et la protection des mineurs et que ce texte est un outil supplémentaire pour y parvenir, notre groupe Libertés et territoires le votera.

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