Intervention de Virginie Duby-Muller

Séance en hémicycle du mardi 18 janvier 2022 à 15h00
Contrôle parental de l'accès à internet — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaVirginie Duby-Muller :

L'utilisation que font les enfants des écrans est un sujet de société majeur. Alors que nous vivons dans un monde hyperconnecté où nos enfants sont des digital natives, chaque parent se trouve confronté à la question du bon usage des écrans. Étant moi-même mère d'une fille de 10 ans, je sais combien il est difficile de trouver un bon équilibre en la matière.

Le constat dressé par la CNIL dans son étude de janvier 2021 sur les pratiques numériques des jeunes est édifiant : elle révèle notamment que l'utilisation autonome d'internet se généralise et qu'elle survient de plus en plus tôt – conséquence directe de la multiplication des nouveaux équipements permettant l'accès à internet.

En découle un phénomène de surexposition aux écrans. Rappelons qu'un enfant de 1 à 6 ans passe en moyenne quatre heures trente par semaine devant internet, à un âge où il doit acquérir de nombreuses compétences – marche, motricité, concentration. Or tous ces apprentissages peuvent être freinés par une surexposition aux écrans.

L'autre danger majeur est bien sûr l'accès des jeunes à un contenu inapproprié : en moyenne, les enfants s'inscrivent sur leur premier réseau social à 8 ans et demi ; à 12 ans, un tiers d'entre eux ont déjà été exposés à du contenu pornographique. En faisant de simples recherches sur les moteurs de recherche, ils peuvent facilement avoir accès à des contenus haineux et violents, à des actions de réseaux criminels ou terroristes, et être victimes de réseaux pédophiles.

Au reste, parce qu'internet fait de nos enfants des proies faciles pour les pédophiles, j'ai déposé des propositions de loi allant dans le sens d'une plus grande protection des mineurs en ligne : la première, en 2019, pour renforcer la lutte contre l'exploitation sexuelle des enfants à l'étranger, et la deuxième, en 2020, pour renforcer la lutte contre la pédocriminalité en consolidant le fichier judiciaire automatisé des auteurs d'infractions sexuelles ou violentes (FIJAISV).

Le développement des smartphones, tablettes et autres équipements nomades rend désormais le contrôle parental beaucoup plus difficile. Alors que la majorité des parents se déclarent favorables aux dispositifs de contrôle parental, seuls 46 % d'entre eux ont mis en place des solutions de suivi de l'activité de leur enfant. Ce faible taux s'explique par deux raisons : la méconnaissance croissante par les parents des pratiques numériques de leurs enfants, et des outils de contrôle parental qui nécessitent parfois une manipulation informatique qui peut s'avérer difficile, voire décourageante.

Il est donc essentiel de mieux armer les plus jeunes…

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