Intervention de Anthony Cellier

Séance en hémicycle du mercredi 19 janvier 2022 à 15h00
Aménagement du rhône — Explications de vote

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAnthony Cellier :

Je suis très heureux que nous puissions parler cet après-midi d'énergie, c'est-à-dire parler des territoires, d'aménagement, de développement et bien sûr d'économie, mais également des Français, car l'énergie est cœur de leur quotidien. Nous sommes à un moment charnière pour réinventer le modèle énergétique français, et l'examen de cette proposition de loi nous le montre bien. Il y a un siècle, la France dessinait un modèle énergétique inédit, qui allait permettre à tous les Français d'avoir accès à une énergie disponible à chaque instant et sur l'ensemble du territoire, et ce à un prix maîtrisé. Ce modèle a été la clef d'un développement économique sans précédent de notre pays et du rétablissement de notre souveraineté nationale. Ce sont exactement ces enjeux que nous aurons à réinventer dans les prochaines années.

Grâce à cette proposition de loi, nous allons continuer, dans le sens de l'histoire, à maintenir la concession de l'aménagement du Rhône dans le domaine public. J'y vois là un bénéfice pour l'aménagement de ce fleuve, pour les collectivités territoriales qui le longent, pour les citoyens qui vivent dans ses environs, pour les 14 000 personnes qui travaillent aujourd'hui – de manière directe ou indirecte – dans cette concession et, enfin, comme les orateurs précédents l'ont rappelé, pour notre politique énergétique et les enjeux climatiques qui s'y rattachent.

Le texte que nous examinons ne permet pas seulement une prolongation de la concession du Rhône pour les dix-huit prochaines années : il permet aussi de regarder l'histoire en nous tournant vers l'avenir. En effet, la CNR a trois missions principales : la valorisation de la puissance hydraulique, la navigation, l'irrigation et l'assainissement, en lien bien évidemment, madame la secrétaire d'État, avec les enjeux environnementaux et de biodiversité locaux. Cette proposition de loi consolide ces missions, notamment à travers un programme d'investissement de 500 millions d'euros, la mise en place d'une redevance variable en fonction des prix de l'électricité, une hausse des investissements au titre du schéma directeur de la concession à hauteur de 160 millions d'euros par période de cinq ans et, enfin, par une extension du périmètre concédé, où seront intégrés les tronçons et les ouvrages de navigation du Rhône gérés par Voies navigables de France.

Cependant, nos débats ne peuvent éluder la situation que connaissent actuellement les marchés de l'énergie en France et en Europe. Cette crise de l'énergie, qui accompagne la reprise de l'activité économique, touche avant tout les énergies fossiles – charbon, pétrole, gaz –, mais elle a aussi des conséquences sur les prix de l'électricité. Face à cette situation, nous n'avons qu'une seule option : considérer avec sincérité et exigence l'objectif de neutralité carbone, et construire autour de cet impératif climatique une politique énergétique de long terme. En trente ans, c'est-à-dire en une génération, nous devons passer d'une France dépendante aux énergies fossiles – je rappelle que celles-ci représentent 63 % de sa consommation – à une France neutre en carbone, à une société qui consomme mieux et qui produit une énergie décarbonée.

Face à ce défi climatique et énergétique, la trajectoire est claire : il faudra mobiliser l'ensemble du parc nucléaire présent et à venir, accélérer considérablement le développement des énergies renouvelables et maintenir une politique exigeante d'efficacité énergétique. Le chemin sera long et difficile ; il nécessite une anticipation de long terme. Chers collègues, les vieilles polémiques n'ont pas leur place face à l'urgence qui est la nôtre car l'atteinte de nos objectifs climatiques est impossible sans un développement massif de toutes les énergies renouvelables, sans aucune exception.

Le texte que nous examinons permet d'aller dans ce sens en valorisant sur notre territoire les atouts de l'énergie hydroélectrique ; le programme d'investissement adossé à la proposition de loi doit notamment permettre d'accroître la production électrique du Rhône. En outre, concernant la construction de nouveaux ouvrages hydroélectriques, notamment dans le secteur de Saint-Romain-de-Jalionas, la CNR pourra, une fois la loi promulguée, lancer une phase d'étude pour en évaluer la pertinence.

À l'heure où nous souhaitons renforcer notre indépendance énergétique et accélérer le déploiement des énergies renouvelables, cette proposition de loi d'importance envoie un signal. Vous comprendrez donc, mes chers collègues, madame la secrétaire d'État, que pour l'ensemble de ces raisons, le groupe La République en marche votera ce texte.

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